Il n'y a plus ou moins que trois façons d'appréhender un film Godzilla. Soit on choisit d'en attendre un film politique, métaphore des dangers du nucléaire et de la crise écologique, soit on en attend un divertissement bête et méchant avec des gros monstres, soit on se place dans un entre-deux.
À cela se rajoute les ambitions du réalisateur : par exemple Shin Godzilla est un film adoubé pour son caractère politique mais qui est d'une nullité affligeante dans le domaine du divertissement. Ici, Adam Wingard n'a pas eu d'autres ambitions que de présenter un combat entre deux monstres sacrés du cinéma d'exploitation dans tout ce que ça a de bête et de régressif. Oui, le scénario est un pur prétexte et les scènes avec les personnages humains sont a la limite du supportable, et oui, ça aurait pu faire l'objet d'un traitement plus approfondi, mais est-ce que cela aurait eu un intérêt ?
Godzilla II avait pris ce parti et le résultat a été un film frustrant du point de vue de l'action et surtout très très long ou l'ennui pointait souvent le bout de son nez. A mon sens ce n'est pas une alternative préférable a celle de Godzilla vs Kong qui a le mérite d'exploiter son concept a fond et de nous offrir ce qu'il nous a promis, même si cela vient avec des défauts évidents. Le spectacle est au rendez-vous, d'un point de vue sonore et visuel et pouvait-on vraiment en exiger plus ?
Il est sûr que très peu de films de kaijus ont réussi à trouver un équilibre entre narration et action, l'exemple le plus connu restant Pacific Rim. Mais ce dernier avait des ambitions autrement plus importantes que ce Godzilla qui n'est conçu (pour l'instant) que comme une série B, un film popcorn qui n'appelle pas de suite. Et rien que ça, c'est respectable parce que cela devient de plus en plus rare.
Un film conçu pour n'être que divertissant n'en fait pas pour autant un mauvais film si tant est qu'il corresponde à ce qu'il nous vend et à la vision de son réalisateur. Ici c'est clairement le cas. Alors pourquoi bouder son plaisir devant ce film qui par bien des côtes n'est qu'une mise en image sans prétention d'un rêve de gosse ? C'est ça aussi le cinéma, le droit de rêver sans se prendre la tête, sans être challengé intellectuellement, sans avoir a mettre du sens sur tout. Des fois, poser son cerveau et profiter du spectacle ça a du bon !