Nous sommes à l'ère de la Pax Godzilla. Lui règne à la surface et protège l'humanité contre les attaques de titans. Kong - son seul rival sérieux - demeure en terre creuse, foyer de ses ancêtres. L'humanité, elle, garde un œil mi-bienveillant mi-méfiant sur ses deux protecteurs. Le statu-quo convient à tous les partis. C'est sans compter une menace mystérieuse qui grandit en terre creuse…
Après un Godzilla vs Kong qui proposait une intrigue plutôt centrée sur la partie Godzilla du duo, ce second opus se concentre sur Kong. Le film commence par nous replonger en terre creuse, désormais son territoire. Si hostile en apparence, mais Kong n'étant pas qu'une montagne de muscles, il y domine par son esprit, posant de multiples pièges, collaborant en bonne intelligence avec les humains. Il ne lui manque qu'une chose… trouver les siens si tant est qu'ils existent encore. Chaque indice, chaque cri, est pour lui une étincelle d'espoir, vite éteinte face aux désillusions successives.
On retrouve en tête d'affiche Rebecca Hall propulsée, avec sa fille adoptive interprétée par Kaylee Hottle, en héroïnes du long-métrage. Exit les personnages de Godzilla 2 (et franchement c'est pour le mieux… ils avaient fait leur temps). La jeune Jia, qui s'adapte mal à sa vie loin de l'île du crâne, est tout comme Kong la dernière de son peuple. Elle "capte" par ailleurs des signaux étranges qui lui donnent des visions cauchemardesques. Des signaux similaires sont captés par Monarche en terre sauvage, tandis que certains de leurs avant-postes cessent de répondre. A la surface de la Terre, Godzilla lui même semble s'agiter et rechercher à tout prix toutes les sources radioactives lui permettant de se recharger. Le titan prépare la guerre… mais qui est l'ennemi ?
Toute la première moitié du film joue sur ce mystère avec malice et adresse. Nous suivons différentes pistes (les humains qui enquêtent dont la petite Jia et ses intuitions surprenantes, Kong à la recherche des siens, Godzilla qui se prépare) qui semblent toutes reliées, sans forcément que le lien soit compréhensible.
Le segment de Kong est celui qui je trouve apporte le plus d'émotions. En présentant un Kong si humain, que ce soit par son intelligence (les pièges, la collaboration avec les humains, la confrontation avec Jia) et par son cœur (la recherche des siens, son indignation contre l'injustice et la cruauté) il devient particulièrement attachant. Et peu à peu, il devient un Thorgal, un Spartacus, un libérateur au grand cœur qui se bat seul contre une multitude. Mais comme le dit l'affiche du film, il faudra "vaincre ensemble ou mourir seul". Kong aura besoin de son meilleur ennemi Godzilla pour triompher…
Le dernier acte du film me plait moins. Si l'idée de faire combattre en apesanteur ces titans apporte quelques images atypiques, je trouve que la lassitude finit par pointer devant un final qui s'éternise et des énormités scénaristiques à avaler en série. Certains moments restent sympathiques (la bataille en Egypte, les interventions de Mothra). Finalement, je trouve que toute cette séquence de combats m'a beaucoup moins intéressé que d'une part l'enquête sur le mystère du film, d'autre part toute la partie Kong qui réussit sans le moindre humain à raconter une plongée road-movie en terre creuse, la découverte d'une civilisation de titans, le développement de nouveaux personnages, et une révolution politique finale.
Le méchant du film a un côté malsain novateur qui me plait. Gidorah avait déjà un peu de cette perversité, mais le méchant a ici carrément une cruauté toute humaine, dominant par la terreur et la souffrance.
Même réalisateur, un casting qui revient dans l'ensemble, le même duo de titans en tête d'affiche. Trois ans après, Godzilla x Kong propose une suite complètement dans l'esprit de leur versus de 2021. Elle réussit mieux son fil rouge, son rythme et ses surprises, développe à merveille la psychologie de Kong et sa mythologie, mais propose je trouve des affrontements de titans peut-être moins marquants car trop dans la surenchère. Le plaisir de l'ensemble demeure.
PS : j'ai oublié de préciser qu'il avait une bande-son très efficace !