De bonnes raisons de se déplacer
Rebecca Zlotowski tenait à le préciser à l'issue de la séance (j'ai eu la chance d'assister à une avant-première en présence de la réalisatrice et de Tahar Rahim), Grand Central est une histoire d'amour ayant pour cadre les travailleurs du nucléaire civil; et pas l'inverse.
Le spectateur ne pouvait de toute façon pas s'y tromper puisque le film est évidement centré autour de la relation entre Gary (Tahar Rahim) et Karole (Léa Seydoux). La centrale et sa radioactivité n'ont cependant pas un rôle mineur et R.Z. explique ainsi la relation entre ces deux éléments : "Il (ou elle) l'a dans la peau", sous entendu l'amour et/ou la radioactivité.
Venons-en au fait.
Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié la façon don RZ met en scènes ces travailleurs du nucléaire et la centrale en elle-même. Les images sont très belles, souvent en plans serrés autour des personnages (en particulier dans la centrale) et la tension qui habite les lieux est très palpable. En fait, ce sujet, c'est à dire : les travailleurs précaires (interimaires pour beaucoup) du nucléaire; est ce que j'ai trouvé de plus interessant dans ce film car c'est quelque chose que je ne connaissait pas et qui, je crois est assez peu médiatisé. Je pense que le film vaut le coup rien que pour ça.
Curieusement, l'histoire d'amour est donc pour moi passée en second plan et je l'ai même trouvée sans intérêt (c'est très subjectif) malgré la qualité de sa mise en scène. En effet, les situations de tensions emotionnelles engendrées sont très prenantes et remarquablement bien retranscrites corporellement et verbalement par les interprêtes.
Le jeu d'acteur est à mon sens très correct, des acteurs principaux aux acteurs secondaires. Olivier Gourmet est toujours très appréciable tout comme Denis Menochet et Johan Libéreau. Pas de reproche à faire de ce côté.
J'avais apprécié Belle Epine sans le considérer comme un chef d'oeuvre et je partais donc confiant. Dans Grand Central, on retrouve en effet le style de RZ, cela ne m'a pas du tout dérangé puisque je l'apprécie mais cela peut en gonfler plus d'un qui taxerait alors Grand Central de copie presque conforme de Belle Epine, et ils n'auraient pas tout à fait tort. Il y a beaucoup de ressemblances et je j'ajouterais que c'est un petit cran en dessous.
Côté BO : c'est toujours du Rob et ça déchire.
Je finirais en évoquant la discussion avec la réalisatrice en fin de séance : J'ai trouvé Rebecca Zlotowski très sympathique, elle répond de manière très précise et approfondie aux questions, ne manque pas d'humour et n'a pas la grosse tête. Elle évoque avec plaisir son travail de documentation, ses choix artistiques, les relations avec l'équipe, etc etc. Personnelement, j'irai avec plaisir voir ses prochains films.
De bonnes raisons d'aller le voir :
- Si la thématique de la centrale et de ses travailleurs vous attire.
- Si vous avez aimé Belle Epine et/ou que vous êtes intrigués par la réalisatrice
N'allez pas le voir si :
- Vous pensez aller voir un pamphlet antinucléaire
- Les histoires d'amours un peu planplan ont une forte tendance à vous hérisser.
PS : pas très satisfait de ma critique, je suis susceptible d'y apporter des modifications et des ajouts.
