On ne connaît pas grand chose de Julia Ducourneau, la jeune réalisatrice de Grave. Ce film franco-belge au titre peu évocateur a pourtant défrayé la chronique lorsqu'il a été diffusé, dès 2016, sur certains festivals. Insoutenable pour certains, déjà quasi culte pour d'autres, Grave n'a manifestement laissé personne indifférent, et pour cause.


Lorsque Justine débarque à la Fac pour y démarrer ses études de vétérinaire, elle a tout de la "jeune innocente". Surdouée, végétarienne, on apprend vite qu'elle est également vierge, pas vraiment portée sur l'épilation, ni sur la fête d'ailleurs. Bonjour les clichés. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'amalgame végétarien = no fun à peine voilé du début du film.
Toujours est-il que notre pauvre Justine, après un bizutage typique de certaines écoles belges, à savoir assez trash, voit s'éveiller en elle des pulsions qu'elle ignorait jusqu'ici, ce qui va rendre son année scolaire est un peu moins "plan plan" que prévue.


Si l'on se demande, durant un premier tiers du film qui peut laisser dubitatif, où cherche à nous emmener la réalisatrice, Grave nous montre en fait, plusieurs facettes.
Crue (sans mauvais jeu de mots), gore, explicite ou juste un peu vulgaire, l'œuvre de Julia Ducourneau est tout cela à la fois. Et quand ce ne sont pas les images qui vous mettent mal à l'aise, ce pourrait être le son, sur lequel un travail évident a été fait.
Si finalement les scènes trash ne sont pas si nombreuses, elles sont souvent outrancières. Est-ce que cela sert le propos du film? Pas toujours...
Néanmoins, Grave ne doit pas se résumer à ses scènes chocs. Car c'est aussi un film abordant des thèmes sérieux, interrogeant sur la coutume du bizutage mais poussant également à des réflexions plus profondes, notamment sur la notion d'(in)humanité et la maîtrise de nos instincts...
Enfin, Grave sait également se montrer drôle par moment, avec quelques dialogues bien sentis et une bonne dose d'humour noir assez jouissive.


Difficile également de ne pas souligner la performance des acteurs, guère plus connus que la réalisatrice qui les a encadrés. A ce titre, Garance Marillier, dans le rôle principal, livre une prestation impressionnante. Rabah Naït Oufella lui donne, du reste, parfaitement le change et équilibre avec justesse les débats. On notera également la présence, un peu secondaire certes, de Laurent Lucas, toujours dans les mauvais coups du cinéma franco-belge.
La réalisatrice a également pris le soin de s'entourer d'une troupe de figurants que l'on retrouve ainsi tout au long du film, et qui donne vie et crédibilité à cette promotion de futurs vétos.


Enfin, l'impact de Grave n'aurait pas été le même sans sa bande-son, composée notamment de thèmes assez old school signé Jim Williams, rappelant les séries B d'antan et agrémentée de quelques morceaux non originaux bien choisis.
Les musiques, qui jouent un rôle prépondérant dans la tension et le malaise qui se dégagent de certaines scènes, sont couplées à une technique de tournage qui vise à placer le spectateur au plus près des événements et à instaurer une grande proximité avec l'actrice principale.


Difficile de chercher à catégoriser l'œuvre du Julia Ducourneau, qui considère elle-même que Grave n'est pas un film d'horreur.
Si cela serait effectivement réducteur, il n'en est pas moins un campus movie bien rentre dedans, et disons-le, pas toujours facile à regarder. Mieux vaut être averti plutôt deux fois qu'une: Grave est destiné à un public clairement averti.
Néanmoins, les plus téméraires seront les témoins d'un film choc et déjà, assurément, l'un des plus marquants de 2017.

billyjoe
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le 10 févr. 2017

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Billy Joe

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