Critique de l'avant première (échanges avec la réalisatrice)

En ce jeudi 14 février à Tours, j'ai pu avoir le privilège d'assister à l'avant première du film en présence de la réalisatrice.

De ce qu'il en est, Grave (qui ne se prononce pas [Grayve], attention), est un film qui me réconcilie un peu avec le cinéma français. Chaque plan est pensé, toutes allusions sont justifiées. Que ce soit dans le jeu d'acteur, le ficelage scénaristique et l'image, tout est légitime. Cette oeuvre s'encre (par le sang) dans un nouveau genre, celui qui mêle le sens profond et l'esthétique à la sauvagerie sanguinaire dans le film français.
Après avoir secoué la croisette (vomissements, personnes choquées), je m'attendais presque à pire à dire vrai. Le fluide rouge est clairement présent mais ce qu'il y a, pour moi de plus éprouvant, sont les scènes où l'oppression est maître. Celles où notamment on devient claustrophobique avec cette proximité malaisante entre nous même et le personnage principal.

Je n'en dirai pas plus, au risque de polluer de trop les plus curieux. Ce film vaut le détour car c'est une expérience.

Lors des échanges avec Julia Ducournau, plusieurs points ont été abordés :

• La place du sang dans le film, qui offre une esthétique organique à l'image


• Le rapport au corps et à la sauvagerie naturelle de l'humain


• Le dimension abyssale d'un esprit chaste au profil d'une transformation bestiale


• La sexualité transposée comme moyen d'enterrer l'adolescence pour de bon

Lors de ces discussions, un élément m'a cependant étonné (peut être déçu...). Je m'étais fait une interprétation personnelle quant au choix d'un personnage végétarien en faculté de vétérinaire. Je pensais que l'oeuvre avait aussi pour but de dénoncer le fait d'être choqué par du cannibalisme au paradoxe de se nourrir de viandes animales à outrance (incluant aussi les mauvais traitements subits par ces animaux). Il apparaissait selon la réalisatrice que cette dimension ne figurait pas, pour elle, au premier plan.

Ce premier long-métrage de Julia Ducournau nous laisse supposer un avenir plus que prometteur. Je la suivrai avec attention.