Bon, autant aller directement à l'essentiel, inutile de rappeler le synopsis ni même l'énorme médiatisation qu'il y a eu autour de ce film de genre à la sauce française ; Grave détonne par l'audace et l'ambition maîtrisée de sa mise en scène ! Avec une touche d'humour noir certaine et assumée, Grave défigure son héroïne en la transformant en une cannibale assoiffée de chaire et de sang, incontrôlable et imprévisible. De jeune étudiante sage en première année de vétérinaire, sa vraie nature se réveille suite à un bizutage où elle se voit forcée de manger de la viande crue alors qu'elle a grandi dans une famille végétarienne. La transformation, bien que progressive, est violente et dérangeante, éveillant en chacun de nous un malaise issu de nos peurs enfouis et ceci, Julia Ducourneau le maîtrise à la perfection par le biais d'une mise en scène léchée et sur-maitrisée où le sens commun ne devient qu'une vulgaire abstraction. Sa force est de ne sombrer dans aucun cliché et de nous surprendre quand on ne s'y attend absolument pas et c'est en cela que la confusion des genres entre horreur et comédie dramatique adolescente est intelligemment tissée. Seulement voilà, ce film a tellement fait parler de lui qu'on s'attend à bien pire et je me suis retrouvé déçu par la dose d'hémoglobine fournie bien que le scénario m'ait agréablement surpris. Dans la forme, c'est très propre et on voit que chaque plan et chaque geste sont méticuleusement réfléchis au point d'être en contradiction avec la folie de son histoire. Il y a une provocation omnisciente qui se perd parfois dans un n'importe quoi qui peut décrédibiliser la teneur dramatique, la teneur "grave", du film. J'ai même rigolé lors de certaines scènes dites gores... (une façon d'exprimer un malaise peut-être ?) D'autres m'ont beaucoup plu, notamment les scènes de bizutages qui sont affreusement réalistes et inhumaines et celles où la jeune Garance Marillier s'emportent dans des transes super flippantes ! Son interprétation est fragile, pas toujours au bon endroit dans les scènes quotidiennes, tout comme sa partenaire qui joue sa sœur, Ella Rumpf, mais fort heureusement leurs jeux concrétisent toute la folie au point d’acmé du scénario. Rabah Naït Oufella campe un rôle hors de tout stéréotype et fait une parfaite jonction entre ses deux partenaires féminins. Malgré son conformisme formel, l'esthétique de Grave nous choque et nous surprend, que ce soit par ses images gores ou par la performance de ses acteurs enragés.

alsacienparisien
7

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le 23 mars 2017

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