Avec un réalisateur qui répète à qui veut l'entendre que son film a été conçu pour les salles IMAX (drôle de calcul dans la mesure où il en existe beaucoup moins que de salles classiques), je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais d'expérimenter ce procédé. A la base, je préfère éviter tout ce qui est 3D ; j'ai testé une fois pour voir, histoire de ne pas mourir idiot, et c'est pour les mêmes raisons que j'ai accepté de débourser "un peu" plus d'argent qu'à l'accoutumée.

En sortant du cinéma, je suis tombé sur une publicité pour le planétarium local, montrant un homme en combinaison spatiale assis dans un canapé, une télécommande à la main. Et en y repensant, je me suis dit que cela résumait parfaitement Gravity : il s'agit moins d'un film que d'une attraction pour Planétarium, Palais de la Découverte, Futuroscope, etc... Le résultat est très impressionnant, et l'ayant découvert dans des conditions optimales (pour la France), je ne peux que saluer la prouesse, d'où une appréciation positive ; alors que si je l'avais vu en 2D - comme d'habitude - que ce soit en salle ou sur mon installation domestique, je pense que j'aurais été déçu. Car il faut dire ce qui est : entre une histoire convenue et un réalisateur qui s'essaye à une symbolique aussi inutile qu'appuyée, nous sommes loin du chef d’œuvre annoncé.

Gravity nous interroge sur notre façon d'appréhender le cinéma. Si ce que nous cherchons dans un film, ce sont des sensations fortes et une expérience visuelle innovante, il s'agit effectivement du meilleur de l'année. Par contre, si nous privilégions la narration, les dialogues, et l'histoire, alors Avatar et lui ratent le coche. Comme si leurs réalisateurs respectifs avaient porté un soin plus important à la technique qu'à ce qu'ils avaient à nous raconter. Et s'ils n'ont rien à nous raconter, finalement, pourquoi faire un film plutôt qu'une attraction pour le Futuroscope (question purement rhétorique).

De plus, pour un long-métrage présenté comme d'une grande rigueur scientifique, le réalisateur a clairement favorisé l'esthétique et - comble de l'ironie - la narration à toute forme de réalisme. Aucun pays n'irait créer des débris spatiaux à moins de vouloir s'en servir comme d'une arme (une Terre saturée de débris marquerait la fin de la conquête spatiale), ceux-ci font normalement beaucoup plus de dégâts, et surtout, aucun astronaute n'enfile plus une combinaison par dessus ses sous-vêtements avant d'effectuer une sortie extra-véhiculaire ; il manque quelques détails, dont un qui rendrait Sandra Bullock beaucoup moins sexy.
Pour la rigueur, nous en resterons donc à Planètes de Makoto Yukimura.

Malgré ses défauts, force est de constater que Gravity m'en a mis plein la vue. C'est impressionnant, grisant, avec des vues sublimes de la Terre et de l'espace. Mais pour répondre à la question de toute à l'heure, cela ne correspond pas à ce que je recherche au cinéma, je ne suis pas du genre à ne jurer que par les derniers effets visuels à la mode et la technique, et je pense au passage ne pas retourner à une séance IMAX de si tôt, de la même façon que je préfère éviter celles en VF et celles en 3D.

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le 29 oct. 2013

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Ninesisters

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