Depuis la diffusion de premiers extraits tout simplement bluffants et après une projection au dernier festival de Venise applaudie par l’unanimité de la presse présente, Gravity est sans conteste le film que j’attendais avec impatience cette année. Un scénario original (chose devenue plutôt rare à Hollywood), un casting puissant (George Clooney et Sandra Bullock) et des effets spéciaux enrichies d’une 3D qui n’a rien à envier à celle d’Avatar, Gravity réuni sur le papier tous les ingrédients du blockbuster de l’année. Vu en avant-première en présence de son réalisateur Alfonso Cuarón (Les Fils de l’homme, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban) et de son fils Jonás Cuarón, scénariste sur le film, je vous propose de découvrir mes impressions ci-dessous.

Plus qu’un film, une expérience :

Si vous avez déjà lu d’autres avis sur le film ici et là vous avez probablement remarqué que la plupart des critiques n’hésitent pas à exagérer sur les superlatifs pour décrire leurs impressions suite à la projection du film. Gravity part pourtant d’un scénario très simple. Ryan Stone alias Sandra Bullock effectue sa première mission dans l’espace en compagnie de Matt Kowalsky, interprété par un George Clooney qui n’a pas à faire beaucoup d’efforts pour incarner un personnage de séducteur comme l’acteur en a l’habitude. Bien sûr, tout ne va pas se passer comme prévu et des débris vont venir percuter la station spatiale alors que nos astronautes sont de sortie pour des réparations. Ryan et Matt se retrouvent alors perdu dans le vide sidéral de l’espace, sans contact avec la base et sans moyen de retourner sur Terre.

Véritable survival, Gravity impressionne déjà visuellement. Le film s’ouvre en effet sur un plan séquence de presque dix minutes, chose très rare voir inédite au cinéma. La scène aurait pu s’éterniser mais elle ne dure pas plus longtemps que nécessaire comme le souhaitait Alfonso Cuarón, réalisateur assez intelligent pour ne pas privilégier les effets et la technique sur l’histoire. Jamais l’espace n’avait été autant sublimé au cinéma auparavant. Véritable personnage à part entière de l’histoire, le paysage spatial et les images à couper le souffle de notre planète bleue valent tous les reportages de Arte. Voir Gravity au cinéma, c’est s’offrir un voyage dans l’espace pour le prix d’une simple place de cinéma. La 3D dépaysante contribue à transporter le spectateur et à le faire voyager en apesanteur dans un endroit que nous n’aurions autrement jamais exploré. Exit la 3D gadget, ici l’utilisation de la technologie prend tout son sens tant elle sert la narration et contribue à dépayser le spectateur qui va véritablement vivre une expérience unique.

En plus de la 3D, cette expérience est renforcée par le son (nous avons eu la chance de découvrir le film dans la seule salle de France équipée de la technologie Dolby Atmos) et la bande originale du film. Dans l’espace il n’y a pas de son et ça Cuarón ne l’a pas oublié. Poussant le réalisme à son maximum pour une meilleure immersion du spectateur, Cuarón privilégie la bande originale composée par le britannique Steven Price, oppressante et en raccord complet avec l’action du film pour amener du rythme et de la pression à l’action (comme dans l’espace les explosions ne font ici aucun bruit).

Côté casting, Gravity offre à Sandra Bullock comme à son personnage un véritable second souffle, une nouvelle chance. L’actrice brille de part son jeu d’acteur, aussi propre que touchant malgré des dialogues limités. Bullock, qui jusque-là continuait sa traversée du désert en accumulant les critiques et en enchaînant les comédies grotesques telles que Les Flingueuses a probablement pris la décision de sa carrière en acceptant un rôle dans laquelle on ne l’attendait pas. Un pari réussi puisque certains parlent déjà d’elle pour une nomination (clairement justifiée) aux oscars 2014. George Clooney quant à lui, reste fidèle à lui-même et ne déçoit pas dans ce film même s’il n’y occupe pas le rôle principal.

Entre renaissance et traversée métaphorique :

(Attention risque de spoilers). L’espace, c’est certes magnifique mais en une heure et demie il faut bien occuper le spectateur qui risque de commencer à s’ennuyer. Une fois la claque visuelle encaissée, place à l’histoire. Gravity s’est aussi l’histoire du personnage de Ryan (Sandra Bullock) actuellement en plein deuil. Venant de perdre une importante raison de vivre, l’astronaute va devoir trouver en elle-même la force et la motivation d’aller de l’avant pour survivre aux épreuves qu’elle va traverser. Sans une volonté de vivre et survivre à toute épreuve, inutile d’espérer toucher à nouveau la surface de la planète bleue. C’est donc à grand coup de métaphore et sur fond d’optimisme que va se conclure Gravity en nous offrant un bel exemple de résurrection pour le personnage de Bullock. Bien entendu je n’en dirai pas plus (et j’en ai déjà trop dit – même si j’ai prévenu) au risque de vous gâcher l’expérience.

Gravity est sans conteste un film qui restera dans les annales du cinéma. Véritable expérience sensorielle et cinématographique, le film réunit tous les ingrédients d’un blockbuster et d’un chef d’œuvre cinématographique. Alfonso Cuarón et son fils ont ici mis la barre haute et défini un nouveau genre de cinéma même si le film souffre d’une légère longueur en son milieu. Le voyage vaut le détour et jamais le prix d’une place de cinéma pour un film en 3D n’aura été autant justifié. Décollage le 23 octobre prochain.

PS : Si vous le pouvez, allez découvrir le film au Pathé Wepler à Paris 18ème, seul cinéma en France aujourd’hui équipé du son Dolby Atmos.
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le 7 oct. 2013

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