Certains le voient comme le meilleur film sur l'espace depuis "2001, l'odyssée de l'espace" de Kubrick (1968), d'autres le voient comme un chef-d'oeuvre absolu, ni plus ni moins. Depuis sa première projection à la dernière Mostra de Venise, il est certain que le dernier opus du mexicain Alfonso Cuaron ("Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban", "Les Fils de l'Homme") aura fait couler beaucoup d'encre (en bien). Il était donc temps pour moi de me faire mon propre avis sur le film, dont la production s'est étalée sur plus de quatre ans et dont les premières bande-annonces annonçait du jamais-vu en terme de réalisation. Disons-le d'emblée : rarement un film aura été à ce point immersif pour le spectateur. Cuaron ne nous propose pas un simple film, mais une véritable expérience dans tous les sens du terme. Comparable, d'une certaine manière, aux documentaires de la NASA (souvent filmé en IMAX, d'ailleurs), le film pose cette question simple, mais efficace : si vous dériviez dans l'espace, quelles seraient vos chances de survie ? Partant de ce postulat relativement simple, Cuaron nous propose, à l'aide d'une technique de mise en scène dont lui seul a le secret et qu'il maîtrise avec une maestria exemplaire de bout en bout, un véritable huit-clos dans les étoiles. Le premier "survival spatial", en quelque sorte. Alternant des plans-séquences d'une beauté époustouflante (donnant l'illusion d'une sorte de ballet dans l'immensité de l'univers) et des plans à la première personne (renforçant encore davantage ce côté immersif, aidée d'une partition sonore démente signée Steven Price et d'une véritable 3D, ce qui assez rare pour le souligner), le film joue habillement de cette opposition distance-proximité, comme pour nous montrer que dans cette immensité sans frontières que représente l'espace, nous sommes livrés à nous-même, seul au monde. Le moindre geste que l'on peut faire nous sauvera la vie ou au contraire causera notre perte. Rien n'est donc à laisser au hasard. Avant d'être une affaire de scénario (encore une fois assez simple en soi), "Gravity" est avant tout une affaire de sensation. La sensation d'être là-haut et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour survivre à tout prix. L'affiche du film disait "Ne rien lâcher". Et, en effet, on ne lâche pas l'écran pendant tout le film, comme si, en soutenant de toutes nos forces l'astronaute Sandra Bullock pour retrouver le chemin du retour, c'est aussi notre propre vie que nous mettions en jeu. Et ce jusqu'à un plan final qui clôt comme il se doit un film, une expérience dont les spectateurs ne sont pas prêts de se relever de sitôt. En aucun cas, ce voyage dans l'espace ne pourra vous laisser indifférent, et encore moins indemne. Et une chose est sûre : vous n'êtes pas prêts de remettre les pieds sur Terre avec "Gravity".

Raphoucinévore
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Mon Top Ciné 2013

Créée

le 25 juil. 2015

Critique lue 209 fois

1 j'aime

Raphoucinévore

Écrit par

Critique lue 209 fois

1

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

Il reste encore demain
Raphoucinévore
8

La Difficile Vita

Premier film de l'actrice Paola Cortellesi (également personnage principal ici) et grand succès critique et public (récompensé par le Prix Spécial du Jury et le Prix du Public au Festival du Film de...

le 16 mars 2024

41 j'aime

House of the Dragon
Raphoucinévore
8

Le Trône du Pouvoir

"L'histoire ne se souvient pas du sang, elle se souvient des noms."Série préquelle de «Game of Thrones», se déroulant près de 2 siècles avant celle-ci et nous contant la chute progressive mais...

le 26 oct. 2022

35 j'aime

7

Le 15h17 pour Paris
Raphoucinévore
2

Un saut dans le vide...littéralement

Ça vous est déjà arrivé de vous retrouver devant un film et de vous questionner sans cesse sur ce que vous faisiez là, que vous vous étiez trompé de salle et que vous pourriez être ailleurs pour...

le 7 févr. 2018

29 j'aime

4