[SanFelice révise ses classiques, opus 23 : http://www.senscritique.com/liste/San_Felice_revise_ses_classiques/504379 ]


Il y a un fort parfum nostalgique dans Grease. Une nostalgie toute personnelle pour commencer : Grease, je le regardais en boucle lors de ma lointaine adolescence, et je ne l'avais pas revu depuis des années maintenant. Du coup, ça fait un peu "plongée en enfance".
Une nostalgie toute hollywoodienne également. Grease, c'est l'Amérique de la fin des années 70 qui regarde ce qu'elle était 20 ans plus tôt, ou plutôt qui tente de faire revivre une vision des années enchantées, d'un âge d'or révolu.
Car tout ce qui est décrit ici semble à des années lumières des préoccupations de 1978. Et cet aspect nostalgique pour les courses de voitures, les cheveux gominés et les petites robes bien sages en dit long sur une Amérique déjà fatiguée, une Amérique post Viet-Nam, une Amérique post chocs pétroliers, une Amérique qui pense avoir perdu une certaine innocence d'alors.
Bien entendu, tout cela est idéalisé, mais ce mouvement vers un passé paré de toutes les vertus reste assez symptomatique d'une société qui va mal.


Cependant, il est intéressant de constater que, dans le cas de Grease, la nostalgie s'accompagne volontiers d'un peu d'ironie. On regarde avec tendresse, mais aussi avec moquerie. La démarche de Travolta, comme s'il était constamment monté sur ressorts ; les chorégraphies sur Summer nights ("tell me boy...") sont délicieusement ridicules, et je me plais à penser que c'est volontaire ; les habits, les coiffures, les attitudes, tout fleure bon la parodie.


Travolta, c'est le génie du film. Sa façon de danser, de bouger, et même son jeu de comédien, tout est réussi à son propos. Il est juste dommage de constater qu'il y a finalement fort peu de morceaux musicaux, donc fort peu de possibilités d'admirer ce corps en mouvement.
Si Travolta est impressionnant, on ne peut hélas pas en dire autant de sa compagne, Olivia Newton-John, plus fade dans son jeu et dans son personnage. Ainsi, côté féminin, c'est Stockard Channing qui rafle la mise, avec son personnage un peu plus subtil.
Bon, d'accord, le terme "subtil" ne correspond pas exactement au film. Mais c'est frais, c'est agréable, c'est sympathique. Il y a bien des temps morts, mais aussi une succession de bons moments, que ce soit sur des chorégraphies ou des scènes classiques (la course de voiture, le concours de danse qui se termine par une vue sur la lune, etc).
L'ensemble reste donc un très bon divertissement, teinté d'une nostalgie ironique.

SanFelice
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le 29 oct. 2015

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