Un petit vol touristique, un crash et cinq jeunes passagers sur un canot de sauvetage face à un grand requin blanc.
Même si les cinéphiles et autres sharkovores anticipent déjà l'impossibilité actuelle de détrôner "Jaws", la mention "par les producteurs de The reef" laissaient espérer un survival réaliste, hargneux et jusqu'au-boutiste à l'instar du dernier cité ou du très bon Rogue.
Force est de constater que le mal nommé "Great white" de Martin Wilson peine à atteindre la moyenne des sharkmovies actuels. Certes la facture formelle est propre et tout n'est pas indigeste si on fait l'effort de poursuivre la bavarde première 1/2 heure après une attaque en guise d'introduction complétement ratée, achevée par la seconde avortée (plan sur la fille de nouveau à l'eau, assommée par la bôme et basta ?! ).
Le casting tient également la route, porté par une Katrina Bowden aussi jolie (le réal se régale sur sa silhouette solaire à toute heure de la journée) que convaincante, idem pour son Ken pilote-biologiste, tout deux jouant les maîtres de la situation avec une sobriété et complicité bienvenues. Les second-rôles tiennent également la route mais éveillent moins d’intérêt vu la mollesse de la caractérisation.
La photographie est plutôt belle et naturelle, notamment les séquences nocturnes sur le radeau et le souci de vraisemblance des décisions prises est appréciable (si on oublie le fight final où le réalisme est sous apnée constante sans vouloir spoiler).
Pour le reste, même si on sent un traitement assez juste des situations avec un rythme sans attaque mécanique toutes les 5mn, Great white baigne dans le consensuel (1er indice avec la scène d'amour aussi chaude qu'une porte de prison, portée par le couple sorti de La Redoute, dernier indice : le générique de fin RTL2). Respectant à la lettre la charte internationale d'un dépliant d'hôtel 4 étoiles, le score musical et les dialogues sont fades, les enjeux clichés au possible ou mal exploités (entre l'urne, la grossesse et le trauma, l'auteur a choisi de ne pas développer les 3), les frictions molles, le gore ultra-light et clou du non spectacle : les requins.
Si certains plans rapprochés en fx physique rappellent le carton-pâte de Jaws 4, où est donc passé l'incroyable cinégénie traumatisante de ce splendide miracle de l'évolution ? Aileron toque, allure standard, présence à l'écran mal dosée (peu ou trop), la puissance et l'imprévisibilité du Grand blanc manquent cruellement à l'appel. Là ou le réalisateur et son monteur pouvaient par exemple contrôler notre cardio sur la seconde fatidique avant que le corps humain soit totalement émergé, l'horreur viscérale est refusée au profit d'un ouf malvenu. Incompréhensible vu le genre.
Idem pour les plans sous-marins : point de mâchoires jaillissant des ténèbres, de jumpscares bien timés ou attaques frontales du premier 47 meters down.
A force de choisir de cajoler le spectateur dans le bon sens (pas de réels partis pris esthétiques ou scènes emblématiques comme dans l'élégant Instinct de survie), la tension supposée extrême des situations et la brutalité de la nature n'agrippent pas ici notre épine dorsale.
Bref, malgré ton prénom prédestiné cher Martin, la terreur sourde vécue par le vrai Brody tombe à l'eau avec ton 1er film anti-phobie.
Et pourtant, il y a encore matière aujourd'hui (les progrès technologiques pour gérer météo, budget et fx, l'inventivité scénaristique du cinéma indé, la qualité de l'écriture non consensuelle des personnages de séries type HBO ou Cinémax...) à nous proposer un Carcharodon carcharias digne de ce nom.
Tant qu'il y a aura des squales...

theroad
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le 17 mai 2021

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theroad

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