Un grigri est un porte-bonheur, un talisman africain ayant pour but d'éloigner les mauvais esprits. Mais paradoxalement, notre personnage enchaîne les galères. Il commence par naître avec une jambe paralysée. Son rêve de devenir danseur sera brisé par un événement tragique. Et sans parler des mauvaises rencontres qu'il fera sur son chemin, le destin semble s'acharner sur ce pauvre Souleymane. À moins qu'enfin, la vie ait placé la bonne personne sur sa route tumultueuse.

Il y a de petites touches documentaires dans le film de Saleh Haroun. La vie des habitants est représentée de manière simple, réaliste, sans esthétique particulière et quasiment sociologique à certains moments (chant d'une tribu africaine). Mais c'est dans le personnage de Souleymane, alias Grigris que le réel et la fiction se mélangent réellement. Cet homme est un véritable danseur paralysé que le cinéaste a rencontré par hasard. Son histoire sincère échoue malheureusement et n'arrive pas à nous toucher, faute d'acteurs peu convaincants (à commencer par l'interprète principal, amateur) et d'éléments narratifs peu crédibles qui ne fonctionnent pas (la nage, la course-poursuite, le dénouement).

On reproche surtout au réalisateur de ne pas réussir à capter la magie et la grâce de Grigris lorsque ce dernier est en train de danser. En le regardant, le spectateur est à l'extérieur d'un spectacle qui manque de charme. Nonobstant, Saleh Haroun réussit dans la relation qu'il créé entre Souleymane et son patron, Moussa (joué par le seul qui arrive à s'en tirer, Cyril Gueï). Ces deux hommes semblent pourtant être de purs opposés. Le premier, très taciturne, se fait dominer par le second, bien plus bavard et charismatique. Avant de le considérer comme un ennemi, Grigris le voyait comme une personne de confiance, un ami, un maître. C'est cette évolution dans ces rapports humains qui donnent à Grigris ce ton intimiste attirant.

C'est finalement la base même du scénario de Grigris qui n'arrive pas à nous faire apprécier cette seule œuvre africaine présente à Cannes. Construite sur des stéréotypes, cette histoire reprend des lieux communs vieux comme la naissance du septième art. Pourquoi les deux individus les plus fragiles doivent forcément se retrouver ensemble ? Pourquoi toujours tenter de sauver les autres en mettant sa vie en péril ? Pour faire un film tout simplement, dommage qu'il y ait cependant si peu à dire...
Hugo_Harnois_Kr
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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