Pas inoubliable... mais doté de grosses qualités !

Hacker (ou "Blackhat", un bien meilleur titre) aurait pu être un thriller comme les autres, qui aurait pu passer totalement inaperçu dans le paysage cinématographique au milieu d'autres long métrages plus retentissants sortis le même mois, comme "Chappie", "Divergente 2", ou l'excellent "Inherent vice" de Paul Thomas Anderson. Oui mais voilà : l'homme derrière la caméra n'est pas le premier venu, puisqu'il s'agit de Michael Mann. Si vous ne voyez pas de qui je parle, c'est probablement que vous vivez dans une grotte.


Pas forcément attiré par l'emballage de prime abord, je vous avoue que je me suis tout de même rué sur ce film pour avoir le plaisir de savourer le travail d'un maitre absolu du thriller haut de gamme. Je vais néanmoins m'efforcer de vous proposer une review la plus objective possible, histoire de ne pas passer pour un fanboy débile et vous permettre de vous faire une bonne idée de ce qui vous attend durant ces deux heures dix.


Hacker nous plonge au coeur d'une sombre affaire de cyber terrorisme. La police chinoise doit faire face à un mystérieux assaillant, qui décide soudain de s'en prendre à l'intégrité de plusieurs sites sensibles, comme une centrale nucléaire, mais s'amuse également, sans motivation précise apparente, à bouleverser par exemple le cours du Soja. Tout ça devant son clavier et sans tirer le moindre coup de feu. Devant un ennemi insaisissable, le Capitaine Chen, chargé de l'enquête, fait appel à un ancien collègue de chambre du temps où il étudiait au MIT : Nicholas Hattaway (joué par Chris Hemsworth), un hacker de haut vol actuellement incarcéré. Hattaway rejoint alors l'équipe et se lance dans la traque du terroriste qui semble avoir toujours un coup d'avance sur eux, espérant ainsi gagner sa liberté s'il contribue à la capture du suspect...


La critique


[Fiche technique]


-Réalisateur : Michael Mann


-Genre : thriller


-Durée : 02h12


-Titre original : Blackhat


-Casting principal : Chris Hemsworth, Tang Wei, Viola Davis,...


-Date de sortie en salles : 15 Janvier 2015


[L'histoire] :


A Hong Kong, un Officier spécialiste de la cyber défense chinoise est chargé d'enquêter sur un attentat survenu dans une centrale nucléaire, et commis par un mystérieux hacker qui enchaîne les actes malveillants sans mobile ni motivation apparente. Pour l'aider à mener à bien la traque, le Capitane Chen fait appel à Nicholas Hattaway, un ancien camarade du MIT qui purge une peine de 13 ans de prison...
"Hacker"
Samedi 30 Mai 2015


Hacker (ou "Blackhat", un bien meilleur titre) aurait pu être un thriller comme les autres, qui aurait pu passer totalement inaperçu dans le paysage cinématographique au milieu d'autres long métrages plus retentissants sortis le même mois, comme "Chappie", "Divergente 2", ou l'excellent "Inherent vice" de Paul Thomas Anderson. Oui mais voilà : l'homme derrière la caméra n'est pas le premier venu, puisqu'il s'agit de Michael Mann. Si vous ne voyez pas de qui je parle, c'est probablement que vous vivez dans une grotte. Le cas échéant, je vous invite à jeter un coup d'oeil à ma rétrospective sur "Heat", l'un de ses meilleurs films. Ca se passe ici.


Pas forcément attiré par l'emballage de prime abord, je vous avoue que je me suis tout de même rué sur ce film pour avoir le plaisir de savourer le travail d'un maitre absolu du thriller haut de gamme. Je vais néanmoins m'efforcer de vous proposer une review la plus objective possible, histoire de ne pas passer pour un fanboy débile et vous permettre de vous faire une bonne idée de ce qui vous attend durant ces deux heures dix.


Hacker se révèle d'emblée assez différent de ce que le réalisateur a l'habitude de proposer, puisqu'on est en face d'un techno-thriller à priori froid et plutôt dépouillé, sur fond de cyber terrorisme. Un sujet le plus souvent fort mal exploité à l'écran. Le pari est de taille puisqu'il faut arriver à captiver le spectateur et à l'emmener sur un terrain qui nécessite certaines connaissances, car vous vous en doutez : Michael Mann a pris son sujet au sérieux et ne s'est pas contenté d'éparpiller ça et là des ordis portables et des lignes de codes entre deux scènes d'action. Comme pour chacun de ses films, Mann a ici un souci développé du détail et du réalisme, s'efforçant de proposer une intrigue soignée et la plus crédible possible. Que ce soit par les méthodes d'enquête des différents services d'investigation, leurs protocoles, et jusqu'au son des armes à feu... Rien n'est laissé au hasard dans les films de Michael Mann, et "Hacker" ne déroge aucunement à cette règle.


Le revers de la médaille de ce parti pris de réalisme, lorsque l'on s'attaque à un sujet aussi pointu que l'informatique, c'est qu'il faut justement aller au bout de son sujet pour rester crédible. Problème ici : Hacker entretient un propos nébuleux et complexe pour les néophytes, employant un glossaire technique relativement fourni, certes largement documenté, mais qui peut parfois perdre l'intérêt du spectateur non initié. D'autant que parmi les personnages, aucun n'a été prévu pour faire le lien explicatif entre le spectateur et le propos technique du film...


Qui plus est, les débuts du film sont assez lents, et la mise en place laborieuse, la faute à une intrigue linéaire et sans trop de relief, du moins, dans la première heure de film.


Une montée en puissance distillée lentement...


Fort heureusement, le film finit par trouver ses marques en seconde partie, et plus on avance dans l'enquête, plus cela devient haletant et intéressant à suivre. Quand l'étau semble se resserrer, les protagonistes découvrent qu'ils sont sur une fausse piste, avant de finalement raccrocher les wagons grâce aux compétences du héros. Et ça avance crescendo comme cela, de plus en plus fort et de plus en plus vite. Une tension très bien entretenue qui contribue à relancer un déroulement manquant parfois de relief. Personnellement, il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dedans, mais in fine, le thème du cyber espionnage est vraiment bien exploité et se montre digne d'intérêt.


Bien que le personnage central, Hattaway, semble manquer d'enjeu au début, sa progression finalemenbt est transcendée par la vendetta personnelle qu'il entreprend seul contre tous (la thématique du lonesone cowboy) contre ce fameux hacker qui lui tient tête dans l'ombre. Un face à face qui n'est pas sans rappeler celui entre Pacino et De Niro dans "Heat", mais dans une version plus distante et plus épurée.


A ceux qui chercheraient des failles dans la forme, vous pouvez oublier. Contrairement à ce qu'il peut laisser sous-entendre au premier regard, et malgré les deux derniers échecs au box office subis par son réalisateur ("Public enemies" et "Miami vice"), "Hacker" nous est offert comme une oeuvre authentique 100% Michael Mann. Plusieurs preuves à cela :


Les marques de fabrique qui ont fait la réputation du cinéaste sont bel et bien présentes ici : à commencer par la mise en scène, dotée de nombreux moments de fulgurance, avec des plans fixes travaillés, à peine esthétisés, ainsi que des séquences de fusillade toujours aussi léchées et dotées d'un sens aigu du cadre...


...Et cette façon très personnelle de filmer et mettre en valeur les environnements urbains... Et ces cadrages serrés sur les visages des personnages permettant de mieux adopter leur point de vue... Et ces couleurs chaudes distillant une ambiance presque intimiste... Cette bande-son apaisée et parfois même quasi mystique, aussi éloquente que minimaliste. On notera au passage quelques choix de mise en scène ressemblant à d'anciens films, comme "Collateral" ou "Heat" pour le côté "trip urbain nocturne"... Et cette thématique récurrente du héros solitaire, seul contre tous... Et cette petite touche personnelle, enfin, où Mann insère quelques séquences courtes mais intenses, pas forcément cruciales pour le récit, mais dont le rôle est d'apporter une dimension philosophique, onirique à l'histoire. Durant ces séquences, on a la sensation que tout s'arrête : le temps, l'intrigue... Les personnages se retrouvent face à eux-mêmes, comme si le récit devait s'arrêter pour reprendre son souffle. Magique. Et ce procédé tend à nuancer encore davantage les séquences d'action. On retrouve ce type de séquences régulièrement dans d'autres films (La scène du loup dans "Collateral", celle de "Heat" où De Niro et Amy Brenneman discutent sur un balcon en observant les lumières de la ville, ou encore la scène du bateau dans "Miami vice").


Tout cela contribue à mettre en valeur le style parfaitement reconnaissable de Michael Mann.


Notons également que le casting principal, autant que le casting secondaire, se révèle une fois de plus d'excellente facture, avec une Tang Wei absolument sublime et adoptant le ton juste pour donner la réplique à Chris "Thor" Hemsworth, que l'on a plaisir à voir évoluer autrement qu'avec son marteau à la main et sa grande cape rouge d'asgardien. La force des comédiens est renforcée par une grande qualité d'écriture des dialogues. Encore un point fort récurrent dans la filmo du réalisateur, à n'en pas douter. On peut même dire que quel que soit le contenu proposé, cette qualité d'écriture, rythmée et équilibrée, permet vraiment de rentrer dedans, et d'y rester. Et c'est ce qui fait, entre autres, la force de ce film aux ambitions pourtant moins importantes qu'à la coutumée, puisqu'il s'agissait en effet pour Mann de tenter de redorer son blason après ses deux derniers flops (apparemment, ce n'est pas parti pour réussir...).


CONCLUSION :
Mon point de vue final sur ce treizième film de Mann sera peut-être légèrement faussé par la haute estime que j'ai pour ce metteur en scène. Néanmoins, "Hacker" a le mérite d'être fidèle à lui-même et joue franc jeu quant à ce qu'il a à proposer. A savoir un thriller bien écrit, dirigé avec un grand savoir faire, et animé de la patte personnelle qui fait la juste réputation de son auteur.
Pour autant, on est loin de la perfection. Un personnage central peu empathique et souffrant d'un manque d'enjeu, une intrigue longue à démarrer, et au bout du compte, un film qui n'apporte pas grand chose de plus à la filmographie du réalisateur. Mais ces défauts ne portent finalement pas tellement préjudice au film, qui reste largement au-dessus de la concurrence actuelle. Sans avoir la puissance d'un "Heat" ou d'un "Collateral", Hacker ne démérite pas et sait se montrer convaincant par bien des aspects. Et vous auriez tort de vous en priver.


VOIR LA REVIEW SUR MON SITE :
http://www.unoeilsurlecran.com/#!hacker/c1z7i

Ri_Tchy
7
Écrit par

Créée

le 30 août 2015

Critique lue 276 fois

1 j'aime

Ri Tchy

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1

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