Et c’est ainsi qu’Halloween devint une franchise horrifique à part entière ! Après un premier opus inoubliable et une suite qui n’a su que rembourser correctement son budget, voici un troisième épisode venant agrandir les rangs. Et au scénario, nous retrouvons le tandem John Carpenter/Debra Hill, qui ont voulu innover en dirigeant la saga vers une toute autre direction. Un choix justifié qui sera malheureusement fatal pour ce film, depuis longtemps considéré comme le plus mauvais de la franchise (le moins lucratif en tout cas). Mais depuis quelques temps, son statut a été réévalué et se trouve désormais être l’un des films Halloween les plus appréciés. Que s’est-il passé pour en arriver à ce point ? C’est ce que nous allons voir !


Quand les producteurs ont demandé à Carpenter et Hill de rempiler pour cette suite, le duo a accepté de revenir à la seule condition qu’Halloween 3 ne soit pas une suite directe de l’opus précédent. Le serial killer Michael Myers étant mort et ne voulant pas faire de la franchise un ersatz de Vendredi 13 (des épisodes qui se ressemblent avec le même tueur qui ressuscite à chaque fois), le tandem de scénaristes a voulu faire autre chose de cette saga prometteuse. À savoir raconter une histoire différente à chaque film, tels des épisodes de série TV. Et c’est pour cela que cet Halloween 3 n’a pas plus au public le jour de sa sortie : pas de Myers en vue, aucun lien avec les deux premiers longs-métrages, un genre horrifique n’ayant pas grand-chose à voir, absence du thème musical principal… bref, cet opus n’a d’Halloween que le titre ! Ici, le slasher laisse place à un thriller paranoïaque qui mise avant tout sur une ambiance angoissante et non sur du gore (contrairement à Halloween 2, qui se faisait plaisir sur ce point). Et tout cela pour suivre nos héros tentant de déjouer un complot machiavélique sur fond de sorcellerie au lieu d’avoir une bande d’étudiants se faisant courser par un psychopathe masqué. Alors oui, c’est tout à fait compréhensible que les spectateurs aient été surpris par un tel virage à 180°. Mais une telle prise de risque ne mérite pas les critiques qui lui ont été fatales.


Tout le monde connait suffisamment John Carpenter pour savoir que le bonhomme n’est pas un manchot en matière de films d’horreur. Même s’il ne réalise pas cette suite et qu’il s’est plutôt montré paresseux avec Halloween 2, son envie d’emmener la franchise sur un tout autre terrain n’a franchement rien de honteux. Agir ainsi – et de manière totalement assumée – permet d’apporter des nouveautés, de la fraîcheur à une franchise qui pouvait rapidement se montrer aussi lassante que les autres (Vendredi 13, Massacre à la Tronçonneuse…) tout en perdant en qualité. Et là, il nous offre une histoire digne des films des années 50, avec une ambiance tendue et paranoïaque à souhait. Entraînante, quoi ! Et malgré quelques invraisemblances pouvant plus faire rire qu’autre chose (les robots, les meurtres…), on se laisse porter par cette intrigue et ce jusqu’au générique de fin. Sans compter qu’à part être une sorte d’épisode à la X-Files (bien que la série soit diffusée bien des années plus tard), le film se permet d’arborer un sujet d’actualité en pointant du doigt notre société de consommation (le plan du méchant essentiellement basé sur la publicité, le marketing, les moyens de communication…). Alors oui, voir un taré voulant détruire l’humanité pour x raison à de quoi être ridicule, mais c’est pour divertir ! Si en plus le long-métrage se permet d’avoir un script bien plus travaillé qu’il n’en a l’air en se voulant critique envers une dérive sociétale, Halloween 3 ne peut mériter que toute notre attention !


Il est fort dommage que l’ambition et le culot de cette suite soient gâchés par un simple détail qui fait toute la différence : ne pas avoir John Carpenter à la réalisation. Si tel était le cas, nous aurions très bien pu avoir un thriller de bonne qualité, pouvant rivaliser avec son The Thing (vu l’ambiance de cet Halloween 3). Malheureusement, nous devons nous contenter d’un Tommy Lee Wallace, qui n’était ici qu’à ses débuts de metteur en scène avant de se faire connaître pour son adaptation marquante de Ça. Du coup, nous nous retrouvons avec un novice en la matière, qui n’arrive pas à donner d’ampleur à sa mise en scène et à l’atmosphère qui se dégage du film, ce dernier ne se montrant jamais angoissant comme il aurait dû être. L’impact de certaines scènes est même réduit au possible, que ce soient les moments horrifiques, bénéficiant pourtant d’effets spéciaux de bonne qualité, ou bien la fin brutale qui n’égalise en rien celle d’Halloween premier du nom. Avec une mise en scène aussi plate, Halloween 3 a bien du mal à faire honneur au film originel, rendant difficile la tâche du scénario de capter notre attention. En y réfléchissant bien, c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le public n’a pas su adhérer à ce troisième opus. Et là, c’est plutôt compréhensible !


Mais cela n’empêche pas qu’Halloween 3 ait été injustement descendu par la critique. Alors oui, le long-métrage n’a pas suffisamment de matière technique pour être un thriller angoissant digne de ce nom (d’où la note malgré les louanges faites dans les paragraphes du haut). Cependant, avec sa prise de risque et son script étonnamment travaillé pour ce style de divertissement, le film mérite bien plus d’intérêt qu’Halloween 2, simple et banal slasher ne misant que sur le gore. Nous sommes bien loin du premier Halloween, cela va de soit ! De là à dire qu’il s’agit du pire film de la franchise par contre, c’est vraiment refuser les innovations… En y réfléchissant bien, ce genre de réaction se produit encore aujourd’hui quand on regarde l’indifférence vécue par Tomorrowland et le succès que connait Jurassic World. Et avec le faible score engendré par cet Halloween 3, il fallait bien s’attendre à ce que l’opus suivant décide de revenir aux bases « fondamentales » de la saga pour attirer le public et se faire du fric…

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le 9 juil. 2015

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