Un cadavre dans le cercueil

8 ans, c'est le temps qu'il a fallu au réalisateur et scénariste Kim Seong-Hun pour peaufiner son scénario et nous offrir ce cocktail explosif d'humour noir et d'action réussi, à la réalisation nerveuse.

Go Geon-Soo (Lee Seon-Gyoon) se rend aux obsèques de sa mère, mais va renverser et tuer un passant. Au lieu d'appeler les secours, il décide de cacher le cadavre dans son coffre. En un instant, ça vie vient de basculer et elle va devenir un enfer.

Malgré un postulat de départ dramatique, le film bascule rapidement dans un burlesque surprenant. Cela peut perturber, voir déstabiliser au début. Puis après quelques claques distribuées lors d'un contrôle de police, surtout à monsieur "14 chiffres", ou l'on découvre que notre anti-héros est un inspecteur de police, le film devient particulièrement jouissif.
Hard Day est une comédie noire, aux répliques qui claquent et font mouche, en plein milieu d'une scène de tension et de violence. Ce sens du timing est une de ses forces, c'est du génie de trouver les bons mots, au bon moment, sans que cela soit malvenu ou ridicule, pendant un bain de sang.
Encore plus de rendre sympathique, un anti-héros qui est un flic corrompu, un mauvais père, frère et surtout fils. Pourtant, on est rapidement avec lui, grâce à sa bonne gueule de jeune premier au regard perdu et à sa poisse exceptionnelle. Il faut le voir cacher le cadavre dans le cercueil de sa mère, en utilisant un jouet volé à sa fille....Ce moment est exceptionnellement drôle, tout en étant superbement mise en scène.
Le film brillant aussi par sa réalisation, Kim Seong-Hun offrant des plans léchés, tout en excellant aussi bien dans un lieu clos : la chambre funéraire, l'appartement de Go Seon-Soo ou les toilettes du commissariat de police, mais aussi lors de courses poursuite, dont une à pied en plongé, magnifiquement chorégraphié. On sent l'envie de surprendre, d'en mettre plein les yeux, au détriment d'une spontanéité. C'est un brin trop parfait, un léger défaut avec ce surprenant container, confirmant que tout est calculé, même pour l'adversaire particulièrement vicieux, tout en restant drôle.

Une première partie burlesque, une seconde plus sombre et violente, mais ou émerge encore des pointes d'humour noir. Elle est due à l'apparition d'un nouveau personnage, encore plus corrompu, que notre anti-héros. Sa venue stabilise l'histoire et définit clairement, qui est le bien et qui est le mal. Cela devient plus simpliste et l'empathie pour Go Geon-Soo marche à fond.
On peut reprocher au réalisateur d'étirer son film, en ayant du mal à conclure, avec moults rebondissements. Mais c'est si jouissif, qu'on peut passer au-dessus et se régaler de ce plan final, à l'image d'une histoire tordue du début à la fin. Kim Seong-Hun s'est inspiré du "Sang pour sang" des frères Coen et il leur rend très bien hommage, en rendant son cadavre très exquis.

Le cinéma coréen nous livre un nouveau grand film, dans la lignée des : Memories of murder, Old Boy, Le bon, la brute et le cinglé, The Chaser ou J'ai rencontré le diable, certes plus violent, mais toujours avec cette pointe d'humour noir particulière, qui rend ce cinéma si particulier. Kim Seong-Hun peut encore prendre huit ans pour écrire son prochain film, si le résultat est aussi grandiose.