♪ « J’me présente, je m’appelle Henry, j’fais un film, tout en POV… » ♫

Adaptation cinématographique d'un court-métrage qui avait fait son petit effet sur le net intitulé Bad Motherfucker (Titre qui explique sûrement pourquoi Samuel L. Jackson est remercié dans les crédits du film qui nous intéresse) , Hardcore Henry s’apprête à débouler dans nos salles. La bande-annonce laissait présager un film bien barré. Mais est-ce que le résultat est à la hauteur des espérances ?



La vue subjective renforce l’immersion mais rend certaines séquences d’affrontement extrêmement brouillonnes et désagréables à suivre.



Je vais essayer de donner ma vision objective de la vue subjective, qui est clairement l’attraction principale d’Hardcore Henry. Je me demandais si elle allait fonctionner dans le cas d’un film d’action survitaminée qui dure 1h30. Cette approche renforce l’immersion mais rend certaines séquences d’affrontement extrêmement brouillonnes et désagréables à suivre. Ceux qui se plaignent de la shaky cam à la Jason Bourne vont pleurer. Et je déconseille vivement les premiers rangs.
Par ailleurs, ce point de vue fait que tout ce qui ne se déroule pas sous les yeux du héros est absent à l’écran, ce qui donne le sentiment de passer à côté d’une partie de l’action. Le résultat est donc bien souvent confus et frustrant.
Mais malgré les limites contraignantes qu’il impose, ce gimmick technique a au moins le mérite d’être pleinement exploité par le film.



Les amateurs en manque de violence et d’action seront servis.



Les amateurs en manque de violence et d’action seront servis. Les (hard)corps-à-corps sont en effet légion et entre autres joyeusetés, le héros tranche des membres, brise des os, arrache des cœurs, racle des crânes contre le béton et casse des gueules. Puis globalement casse des culs. La variété de ces séquences over the top et généreuses n’empêchera toutefois pas la lassitude de s’installer à la longue.



Le film emprunte beaucoup aux jeux-vidéo.



Le film emprunte beaucoup aux jeux-vidéo. À commencer évidemment par sa vue à la première personne durant l’ensemble du film qui rappelle Mirror’s Edge pour la partie Parkour ou n’importe quel FPS pendant une séquence de sniper. D’autres aspects vidéoludiques parsèment le film comme l’invulnérabilité du héros qui aligne sereinement les adversaires, le système de régénérescence d’Henry ou encore les scènes de carnages dont la violence évoque les pétages de plomb de Trevor dans le dernier GTA. Mais là où les codes du jeux-vidéo fonctionnent sur le joueur en le plongeant au cœur dans l’action car actif dans cette dernière, ils sont vainement utilisés dans le cas d’Hardcore Henry vu que le spectateur est totalement passif devant une action brouillonne et lassante.
Et personnellement, je suis plutôt actif que passif.


Quelques clins d’œil au cinéma font plaisir à voir, que ce soit l’insertion d’une réplique culte de Star Wars, la tagline de Robocop détournée (« Half man, half pussy »), quelques affiches de films disséminées dans le décor ou encore un cri Wilhelm aussi con que remarquable. Au vu de l’affiche et du pitch, on pense inévitablement aux deux Hyper Tension. Ces derniers étaient toutefois moins violents mais plus barrés et fun que le film d’Ilya Naishuller.



L’humour fonctionne très bien.



L’humour fonctionne très bien grâce à un second degré (indispensable) de tous les instants. Le fait que le film se déroule en Russie renforce l’ambiance barrée du film.



Sharlto Copley assure totalement le show.



Niveau casting, Sharlto Copley assure totalement le show. Son personnage arbore une dizaine de looks différents et complètement foutraques. Pour comprendre son côté Arturo Brachetti, je vous invite à voir le film… L’autre acteur un peu marquant est Danila Kozlovsky, celui qui incarne le bad guy Akan (un Julian Assange aux yeux de Sith). Ses pouvoirs surprenants et inexpliqués rappellent qu’on est là pour en prendre plein la tête sans se prendre la tête.


Pour finir, une bande-son assez détonante et pas déplaisante (Queen, Serj Takian et autres musiques électro qui ne font pas dans la finesse) dynamite le tout.


Délire régressif, parfois jouissif mais visuellement agressif, Hardcore Henry tient plutôt bien ses promesses. Spectacle compact et généreux à l'humour bien dosé et efficace, il souffre toutefois d’un côté « over the top » lassant. Les scènes d'action sont souvent brouillonnes et limitées par le point de vue. Au-delà du gimmick de la vue subjective et du fun immédiat, le film ne propose pas grand-chose et ne vole pas très haut (contrairement à ce que pourrait laisser croire l’affiche).


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