Excellent film d'animation japonaise, il s'agit de l'adaptation du manga Genma Wars de Hirai et Ishonomori (dont le style rappelait assez bien celui de Tezuka) par les auteurs de Metropolis et d'Akira.
Le côté aventure, fantastique et S.F. couplé à des scènes spectaculaires de combat à coup d'énergie psychiques, d'explosions et et de catastrophes est tellement bien abouti que le film aurait mérité sa place au sein de Manga Vidéo (ou si vous préférez "L'Expérience Manga" telle que décrit par Benzaïe, surtout à cause des monstres, de la violence et des métamorphoses, le sexe en moins).
Dommage que le film n'ai eu le droit qu'à une sortie DVD en VOSTFR en 2008 (merci à Dybex et aux DVDthèques d'Annecy). Du coup, on n'a pas le droit à une VF digne de ce nom alors que le film date de 1983 et reste encore assez soft.
Mais bon, on parle quand même de l'adaptation d'un manga épique mais pas très connu, mais Harmagedon mérite de la considération. Après, pour ce qui est du scénario on est vernis : 2h15 de film arrivant à résumer les deux tomes de 1967-1969.
Ce serait quand même assez long et compliqué à décrire, je dirais qu'il y a des similitudes avec le jeu vidéo EarthBound (Mother 2) de 1994, à se demander si l'Harmagedon de 1983 ne l'aurait pas inspiré :
- On a aussi un esprit cosmique du mal tout rouge et macabre voulant
plonger l'univers dans le chaos (Genma au lieu de Giygas). Et qui
crie "Mort ! Destruction sur l'Univers !" ou bien "Que triomphe la vague d’entropie !"
- Cet esprit et ses sbires sont arrivés sur Terre soit depuis des
années soit récemment à l'aide d'une météorite.
- Parmi les sbires en questions, on a un génie qui adore faire le mal
lui aussi ou contrôler le monde (à la différence que le Dr. Kazu est
vieux et nihiliste, tandis que Porky Pig est un enfant qui veut juste
conquérir le monde).
- Si on n'a pas d'équivalent des Star Men, en revanche les autres
sbires sont aussi des démons ou des humains possédés aussi bien dans
EarthBound que dans Harmagedon.
- La majorité des héros sont des psychiques, à la différence que Jyo et
Luna sont plus puissants que Ness et ses amis malgré leur PK (puisque
Jyo et compagnie peuvent voler, et se téléporter), et qu'ils ont
plus de compagnons venus des quatre coins de la planète.
- Pour autant, on a aussi des références aux cultures asiatiques et
américaines aussi bien dans l'un que dans l'autre. À la différence
que Harmagedon se passe surtout au Mont Fuji et à New York, tandis
que le jeu vidéo de Nintendo se passe dans des pays imaginaires
inspirés par les États-Unis et la Perse.
- Par contre, les deux dénoncent la brutalité policière. Exemple :
quand Sonny et sa bande sont mitraillés par la police, qui préfère
tirer comme des bourrins sur gosses et des voleurs de bijoux plutôt
que d'aller aider la population new-yorkaise noyée par Genma, et je
ne vous parle pas de la police d'Onett qui frappe des gosses.
- Certains personnages principaux qui meurent reviennent sous la forme
de fantômes (spoiler : la soeur du héros dans Harmageddon, contre
n'importe qui dans EarthBound, même si on peut ressusciter dans le
jeu SNES).
- Si on n'a pas d'animaux qui parlent ou d'instants à proprement
loufoque (à part ces espèces d'illusions mentales représentant des
démons japonais mais sans explication ni contexte), en revanche on a
bien un ou plusieurs guerriers robots psychiques du passé (la
différence est que Bega vient du passé, et que dans EB on se
transforme en robots pour aller dans le passé et vaincre Gigyas).
Bon après, ça prendrait trop de temps de lister toutes les similitudes ou d'en trouver là où y en a pas. Pour ma part, j'ai bien aimé également les thèmes tels que l'entrée dans l'âge adulte symbolisé par la découverte de pouvoirs psychiques et la renonciation aux illusions.
Un point aussi pour l'esthétisme un peu épileptique et psychédélique mais aussi grandiose (la scène où Jyo et ses amis combattent Genma sous la forme d'un dragon de magma dans une mer de lave correspond à mes attentes).
Un peu vers la fin, et c'est la dernière similitude avec EarthBound (qui peut signifier "esprit de la terre"), le film donne un formidable message de tolérance, de fraternité et de communauté mondiale en disant que les êtres vivants sont tous l'âme et l'énergie de la planète - et que les Esters (les psychiques) en sont les représentants.
Bon après, voici quelques derniers reproches et spoilers histoire d'en finir :
Je n'avais pas compris pourquoi Luna et le robot voulait à tout prix recruter Jyo et en faire un Ester, avant de m'apercevoir qu'ils voulaient constituer une équipe face à Genma. Un point en plus pour la diversité badass, puisqu'on a un Afro-Américain passe-murailles, une Transylvanienne télépathe, une Chinoise karatéka, un Japonais, un Arabe et un Hindou, et enfin un robot avec des lasers.
La sœur du héros devient aussi un Ester manipulant le feu. J'avais pas aimé ça car je trouvais que ça faisait deux es machina sorti d'un chapeau... sauf qu'ils la font mourir quand même ! Et elle revient aider le héros sous forme de fantôme ! Pas mal, pas mal...
Bref, j'ai bien aimé surtout la fin avec la chanson Children of the Light de Rosemary Butler qui appelle à s'unir, ainsi que la musique mixant musique classique et synthé. Difficile d'oublier un tel film après ça.