Harpoon
6.1
Harpoon

Film de Rob Grant (III) (2019)

La pêche est bonne, le survival mort à l’hameçon

Harpoon est une comédie d’horreur canadienne sortie le 24 janvier 2019. Réalisé et écrit par Rob Grant, le film narre l’histoire de trois meilleurs amis qui, à la suite d’une embrouille, se réconcilient le temps d’une journée sur un yacht. Problème : sur le chemin du retour, ils sont bloqués au beau milieu de l’océan, le moteur ayant cessé de fonctionner. Et comme si c’était pas assez, ils se retrouvent sans moyens de communication.

Naturellement, l’histoire est bien plus complexe et alambiquée que ne le laisse présager le synopsis. Et on le sent venir dès le début. Nous avons donc affaire à trois jeunes gens : Jonah (le mec doux et gentil), Richard (le pote riche en proies à des sautes d’humeur) et Sasha (sa meuf). En sachant qu’ils sont tous très potes, on se demande bien qu’est ce qui pourrait bien se passer avec ce trio pour complexifier l’intrigue (non). Cependant le film sait pertinemment que la situation semble obvious et l’évacue très vite. Évidemment qu’il sera question d’un triangle amoureux mais les vraies révélations se cachent autour des personnages, de leurs secrets, de ce qu’ils sont réellement, ce qui est finalement loin de ce qu’ils semblent être.

Pour le coup, le déroulé de l’histoire est ingénieux, arrivant souvent à se renouveler sans forcer, sans que ça paresse tarabiscoté. Efficace, on se demande toujours ce qui pourra relancer l’œuvre tant certaines situations nous semblent difficilement compliquées à rebondir dessus. Pourtant, le film arrive toujours à nous surprendre. Ce qui sonne comme incongru à élargir durant encore quarante minutes réussit toujours à s’étendre sans que cela ne soit rébarbatif. Une petite prouesse tant cela ne semblait pas gagné.

Plus le film avancera et plus nous trouverons chaque protagonistes pourris. Ils deviennent tous détestables pour x ou y raisons et fatalement, un retentissera en nous plus que les autres, sera notre petit chouchou, et les autres nous apparaîtrons encore plus nuisibles. La situation s’envenimant au fil des jours - d’une part par manque de ressources puis par mésententes - par la précarité grandissante, la survie sera de plus en plus rude, chacun s’affaiblissant de jours en jours.

Le film aime jouer autour d’une certaine idée du karma. Partant du principe que les personnages auront engendré leur propre malheur. Dès lors, un jeu ludique s’installe autour de l’utilisation d’une voix-off présente pour nous en dire plus sur les personnages mais aussi pour relever certaines choses, certains actes en les confrontant à des faits avérés, des légendes. Narrant également d’autres histoires similaires à celle de notre duo pour pouvoir étudier les possibilités qui s’offriront à eux. En ça, le film embrasse totalement le vocabulaire de la navigation, s’est beaucoup documenté autour de la question et de la survie en mer, jusqu’à citer et expliquer des références présentes dans d’autres films comme l’Odyssée de Pi de Ang Lee. En ça, le film devient un petit bonbon qui certes ne brille pas par sa subtilité mais qui subsiste par ses charmantes idées.

Il est salutaire de voir que le film ne laisse aucun personnage à l’abri, qu’il a définitivement envie de tous les punir pour leurs actes malgré qu’on ressent que certains protagonistes semblent plus à l’abri d’une claque aller-retour que d’autres. Fort heureusement, tout le monde en prend pour son grade et c’est parfois très graphique. C’est une des seules choses notables d’ailleurs car le film n’excelle pas plus que ça dans la mise en scène malgré un découpage et un montage efficace mais pas marquant pour ses idées. On retient seulement ces illustrations des propos du narrateur en pellicule 1:1, noir et blanc bien granuleux et les arrêts sur image pour introduire ses discours, coupant nette l’action, apportant quelques ruptures de tons opportunistes mais pas désagréables pour autant.

Sympathique petite bisserie, qui ne brille que par son écriture, sympathique et débrouillarde, loin d’être parfaite mais tout à fait honorable, qui mise tout sur la violence graphique et le fun qui en découlera, de toute cette violence et des situations plus ou moins comiques que nos protagonistes seront amenées à engendrer ou à subir. Est-ce que ça vaut le détour ? Oui, naturellement. Est-ce que cet excellent ? Non, naturellement.

Smathy
6
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le 30 janv. 2022

Critique lue 119 fois

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