Après le succès du premier volet, il était tout naturel que la Warner fasse de nouveau appel à Chris Columbus pour réaliser la suite de la saga. La Chambre des Secrets, en film comme en livre, se place dans la continuité directe du précédent volet, tout en assombrissant un poil le ton. Le roman n’est généralement pas le plus apprécié des fans, sans doute coincé entre le premier et son introduction de l’univers et le troisième qui amènera les choses à un autre niveau.
Dès l’introduction et l’élégante apparition du titre dans le ciel orangé, il n’y a plus de place pour le doute : on retrouve bel et bien l’univers de Harry Potter tel qu’on l’avait laissé à la fin du premier volet. Pour cette suite, Columbus a préféré reprendre tout ce qui marchait dans son premier film, sans véritablement renouveler la recette. A l’époque, ça semblait naturel, mais aujourd’hui, avec le recul qu’offre la saga complète, c’est assez drôle de trouver une telle cohérence entre deux des films. On retrouve donc le même ton, quoique quelque peu plus sombre, la même musique de John Williams, toujours aussi réussie, le même soin apporté aux aventures des jeunes sorciers, sans grande prise de risque. Je continue à penser du bien de Columbus, qui fait vivre avec talent (mais sans génie toutefois) l’univers créé par Rowling, et se montre souvent assez habile et généreux. Le monde des sorciers ayant été introduit dans le premier film, La Chambre des Secrets peut se permettre de rentrer plus vite dans le vif du sujet. L’intrigue est plus constante, et rapidement mise en avant. On suit avec bonheur l’enquête des trois personnages principaux autour de la mystérieuse Chambre, avec laquelle s’entremêlent les nombreuses péripéties liées aux activités scolaires.
Le second film, comme le livre, est également l’occasion d’un assombrissement du ton, qui se fera constant jusqu’à la fin de la saga. On parle tout de même ici d’un monstre attaquant les élèves, et pouvant potentiellement les tuer. Mais c’est également la première fois que la notion de pureté du sang chez les sorciers est véritablement abordée. Encore une fois, c’est assez léger et peu subtil dans le traitement, mais ça permet de véritablement commencer à dessiner les thématiques chères à Rowling, et bien évidemment tout le parallèle entre l’idéologie de Voldemort et le nazisme. Le film est également l’occasion d’un questionnement du personnage de Harry Potter sur sa propre identité, et le parallèle avec son ennemi de toujours, même si encore une fois, le traitement reste en surface.
Columbus brille toujours autant pour ce qui est de fournir du spectacle. Le match de Quidditch est encore plus virevoltant que celui du premier film, et la confrontation avec les araignées ou la visite de la Chambre des Secrets comportent leurs grands moments. Les effets spéciaux ont gagné en finesse, et sont globalement moins gênants que sur le précédent film. De même que le casting, qui gagne en maturité et en justesse dans son jeu (même s’il n’y a encore rien d’incroyable), les jeunes sont moins baffables que précédemment, et les plus âgés sont toujours aussi impériaux. Quelle tristesse de se dire que c’est déjà la dernière apparition de Richard Harris dans le rôle de Dumbledore, l’acteur incarnait à la perfection à la fois la sagesse, la bienveillance et la malice propres au personnage. On célèbre également l’arrivée de deux nouveaux venus : Jason Isaacs, glaçant dans le rôle de Lucius Malefoy, et Kenneth Brannagh qui offre un Gilderoy Lockhart hilarant.
Quelques défauts subsistent : l’humour fait parfois mouche, mais rappelle trop souvent son orientation vers un très jeune public (les grimaces de Rupert Grint n’amusent qu’un temps), et quelques points d’intrigue m’ont également posé problème :
pourquoi les professeurs attendent-ils si longtemps avant de fermer l’école, je veux dire on parle quand même d’attaques d’élèves au sein même des couloirs, je comprends qu’il fallait laisser l’intrigue se dérouler, mais tout de même. Ah oui, et la dernière scène avec Lucius Malefoy qui s’apprête à lancer un Avada Kedavra sur Harry Potter, on en parle ? Je veux bien que le personnage soit en pleine rage mais c’est tout de même bien débile de sa part de tenter ce genre de truc, qui plus est en plein jour au milieu de l’école.
C’est peut-être du pinaillage, disons que ces défauts auxquels j’étais tout bonnement aveugle dans mon enfance me paraissent désormais un peu trop évidents.
La Chambre des Secrets est donc une autre réussite pour Columbus, le réalisateur n’a rien perdu de son savoir-faire et gère même plutôt bien l’assombrissement de l’histoire. Mais c’est également ici qu’il révèle ses limites. Le passage du personnage principal à l’adolescence nécessite une intelligence de traitement donc le réalisateur américain n’était de toute évidence pas capable. Ce n’était donc pas plus mal de le voir tirer sa référence sur cet opus, et de laisser la suite à un autre réalisateur, autrement plus apte à traiter le sujet.