Droit au coeur.

C'est difficile de parler de racisme, surtout avec un personnage central "nationaliste" (comprendre néo nazi) et d'arriver à tenir un discours intelligent et intelligible en présentant les points de vue des différents protagonistes. Et c'est d'autant plus passionnant qu'il s'agit là d'un film finlandais, pays présenté habituellement - comme d'autres pays nordiques - comme un modèle de démocratie et d'ouverture d'esprit... vernis qui se fissure tout doucement au fil des ans et qui laisse apparaître finalement les mêmes problèmes que partout ailleurs : ce racisme latent qui résulte de la peur ambiante. Le film réussit de ce point de vue avec brio cet exercice d’équilibriste, réussissant le tour de force de rendre compréhensible le raisonnement et les convictions du personnage principal (attention, je dis bien qu'on comprend ces agissements et en aucun cas on les cautionne) grâce notamment à un super casting et un acteur extrêmement charismatique. Toujours sur la corde sensible, le film évoque avec beaucoup de pudeur et de sobriété les relations d'affection naissante entre cet homme et l'enfant de sa copine, un petit métisse. Le film avance par petites touches, conscient qu'au moindre faux pas c'est toute la structure du scénario et son message de tolérance qui s'effondrerait. Un scénario qui malheureusement peine à convaincre (une mère qui laisse son enfant à un homme qu'elle connait à peine ? vraiment ?) et à renouveler une intrigue typique de ce genre de films, à savoir la montée de la violence dans une spirale sans fin. Sur le fond le film est irréprochable, sur la construction même du récit, il est en revanche trop prévisible et manque de force et d'émotion, si bien qu'on s'ennuie quand même un peu..