Hellraiser : Bloodline est sans doute l'opus le plus délicat de la saga. Partant d'un scénario ambitieux, la production fut chaotique avec reshoot, re-montage et démission du réalisateur Kevin Yagher. Crédité à Alan Smithee, le film est un échec qui provoquera la fin de la saga au cinéma.
Souvent considéré comme un des plus mauvais opus de la franchise, il demeure selon moi l'un des plus intéressant et aurait pu devenir l'une des meilleurs suites si le film était sortit sans ces problèmes.
Chose intéressante, le film était presque finit quand Kevin Yagher montra un premier montage de 2h. Cette première version est malheureusement indisponible. Durant une interview durant le Clive Barker podcast; Yagher a affirmé avoir tous les rushes de son film. Sans doute un possible espoir d'une sortie d'un director's cut, même si pour le moment aucune annonce n'a été faite.
Je vais donc essayer de comprendre le film en me basant sur un montage ultérieur. En effet Dimensions demanda à Kevin Yagher de remonter son film, plusieurs versions ont été faites dont l'une d'elle est disponible sur internet. Intitulé Hellraiser IV : Workprint, cette version est plus proche de la version de Yagher que de celle de Joe Chapelle.


Cette version présente la partie dans le présent (New York - 1996) comme la partie principale et est suivit par la partie dans le future (Station spatiale Minos - 2121). Des flashbacks et séquences de rêves servent pour la partie passé (1784 - Paris).


La partie dans le passé semble être un retour à l'ambiance des deux premiers films avec une ambiance poétique et malsaine. Les décors et les costumes nous offre une vision différente de l'univers d'Hellraiser. L'ouverture du film avec Phillip Lemarchand créant la Boîte est une scène qui peut rappeller l'ouverture de Les Griffes de la nuit avec Freddy Krueger fabriquant son gant. Ce genre de scène se retrouvera dans l'ouverture de Annabelle 2 : La Création du Mal avec ces inserts sur différents éléments qui constitueront la poupée. Le concept de l'artisan fabricant un jouet devenant objet du mal est ici mit en valeur dans ce quatrième opus.
Ces segments passés introduisent deux antagonistes : le Duc de L'Isle, un sorcier qui semble être un ancêtre indirect du Docteur Channard et Angélique, un démon invoqué par de l'Isle et se retrouvant dans le corps d'une jeune femme.
Angélique sera l'antagoniste de ce film et demeure un personnage fascinant que ce soit pour sa relation avec la descendance Lemarchand / Merchant, ainsi que sa rivalité avec Pinhead.
Le fait que la partie en 1784 se retrouve dans des rêves et assez intéréssant et montre que Kevin Yagher essayait de trouver une astuce pour sauver le scénario de Peter Atkins. De plus cela semble en lien avec le thème des rêves qu'on retrouvait déjà dans Hellraiser III.


La confrontation entre Angélique et Pinhead est fascinante : la première veut un Enfer chaotique et amusant. Le scénario incluait les Clowns Cenobites, qui devait rappeller les membres de la Comedia Dell'Arte. Bien que filmés, ils n'apparaissent ni dans le Workprint, ni dans la version cinéma, de même que les Gamblers (joueurs de cartes) Cenobites, dont il existe des photos promotionelles montrant des designs de Cénobites effrayants. La version Workprint présente une scène avec ces joueurs de cartes encore humain et jouant avec la Boîte. Alors qu'Angélique se déshabille jusqu'à révéler son visage démoniaque et entraîner les joueurs dans l'Hellraiser.
Pinhead de son coté veut un Enfer hiérarchique, proche de son passé de capitaine de l'armée. Lorsqu'il évoque à Angélique que "L'Enfer n'est plus aussi amusant qu'avant", il évoque bien sur les Clowns Cenobites du scénario.


La partie dans le passé suit John Merchant. On y retrouve le building de la fin de Hellraiser III avec l'installation et décoration rappellant la Boîte. Le scénario devait devait montrer que cet immeuble fonctionner comme la Lament Configuration. C'est dans ce segment que la confrontation entre Pinhead et Angélique a son importance. Angélique veut est fascinée par le projet de Merchant qu'elle voit comme une ouverture éternelle des portes de l'Enfer.


Le climax de cette partie, montre John Merchant pris entre Pinhead et Angélique. Sachant que Merchant représente un danger selon lui, il finit par tuer l'architecte et enchaine Angélique. Pinhead aurait il compris que cette installation serait en faite contre lui ?


Enfin la partie dans l'espace, bien que très controversé, rappelle beaucoup Aliens avec les marines se faisant tuer par des créatures (ici les Cénobites). Paul Merchant doit désormais affronter Pinhead, mais aura droit aussi à son ultime dialogue avec Angélique.


La version cinéma se terminait sur Paul Merchant s'enfuyant de la station avec Rimmer, laissant les Cénobites et la Boîte dans la station avant qu'elle n'explose. Le Workprint est légèrement différent car Merchant reste sur le vaisseau. Cette fin est plus crédible, car Paul Merchant en mourant met un terme à la descendance qui a créé la Boîte. En construisant l'Elysium Configuration, Merchant termine la travail des ses ancêtres et disparait ainsi avec son ultime création. La station se révélant être une version gigantesque de la Boîte est une brillante idée et offre une conclusion satisfaisante à la saga.


Hellraiser : Bloodline présente plusieurs thématiques :
Le temps que ce soit le scénario (linéaire), le workprint (rêves) et la version cinéma (flashbacks).
Le concept du voyage dans le temps se retrouvent dans le fait que les trois incarnations Merchant sont joués par le même acteur.
Les jeux sont aussi présents avec la présence d'un fabricant de jouet. Les jouets de Lemarchant, les joueurs de cartes, les Clowns, le fait que la Boîte représente un jeu. De plus les couloirs de l'immeuble ou du vaisseau rappelle beaucoup le labyrinthe iconique de Hellraiser 2 : Les Ecorchés.
Le double, le reflet est une autre thématique intéressante. Chaque descendance de Lemarchant étant presque le reflet avec un descendant échouant et un autre réussissant. Paul Merchant apparaît les cheveux longs tel un miroir de Phillip Lemarchand avant de se raser la tête devenant un miroir de Pinhead (référence à Vendredi 13 : Chapitre final dans lequel Tommy Jarvis se rase la tête afin de se rapprocher de Jason Voorhees qu'il finira par tuer). L'Elysium et aussi l'inverse du Lament : une Boîte ouverte et se refermant pour détruire les Cénobites face à une Boîte fermé qui s'ouvre pour invoquer les Cénobites.
Les Jumeaux Cenobites représente cette image du miroir. Un visage à la visage souriant, l'autre un visage triste, tous deux grimaçant rappellant les masques Comédie-Tragique, mais aussi la thématique du plaisir et de la souffrance présent depuis le premier film. On peut y voir aussi une métaphore de la dualité Spencer/Pinhead dans le 3 (le moment où les deux entités fusionnent à la fin du troisième opus préfigurent la naissance des Twins Cenobites). Hellraiser : Inferno nous présentera d'ailleurs des jumelles Cénobites, non-siamoises cependant, tandis que Hellraiser : Hellseeker dévoile l'image du gentil et du méchant policier en un seul personnage.


Hellraiser : Bloodline mérite mieux que sa piètre réputation. Je recommande de visionner sur youtube la reconstitution workprint et la special edition, deux fan edit : le premier se rapprochant du script original, le second étant une version de meilleur qualité du workprint (les scènes coupées restent en qualités VHS cependant).

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le 24 sept. 2014

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