Cette critique au sujet de la saga tout entière encore que je ne me sens pas l'envie de la visionner intégralement.



Cénobite, alors laisse-les tranquilles !



Hellraiser, c'est une plongée dans la tête d'Ed Gein, écoeurant !
Hellraiser, c'est l'Enfer de Dante revu et corrigé par le Marquis de Sade, le Fakir Musafar et Leopold von Sacher-Masoch une soir de beuverie saupoudré d'acide bien fort.
Hellraiser, c'est l'hybride sordide d'un Jumanji et d'une Histoire sans fin pour adultes déviants mettant en scène des gothiques adeptes du BDSM qui se prennent pour des démons et ne sont que des déments.
C'est du sang, c'est le son de la chair flasque que l'on pénètre avec le fer.
C'est une suite de hurlements désespérés, d'éclairs bleus et de scènes de sexe glauques.
C'est la violence, l'hémoglobine et le sexe gratuits, le malaise perpétuel !



Hellraiser 1



C'est l'anti-chambre du boudoir de Sade.
On s'y promène comme dans un thriller, un policier noir aux accents légèrement fantastiques.
Pinhead et sa sinistre clique font quelques petites incursions et, en version française, la voix de Patrick Poivet et Séverine Morisot nous rassurent, et nous donnent envie de poursuivre une visite qu'on ne veut déjà plus suivre.
On en ressort sur un écran type début de Jumanji mais en se demandant si nous avons un film d'horreur ou un film X.
Demeurent les excellents personnages des Cénobites - Pinhead en tête (cloutée), semblant tout droit issus du monde de Beetlejuice, qui marquent l'histoire du cinéma et n'ont pas volé leur statut de personnages emblématiques de l'horreur.



Hellraiser 2



Jouant sur l'esprit BDSM, le titre original, Hellbound, dit tout le contraire du sentiment que l'on a en ressortant du film: on ne se sent pas attaché à cet univers qui privilégie sa forme à son fond. La rare substance intéressante de narration s'écoule au goutte à goutte et s'est à se demander si une réelle explication de tout ce fatras verra un jour le jour !
Au demeurant, le film se rattrape sur plusieurs points qui lui permettent de dépasser le premier opus. S'émancipant en deuxième partie d'un univers terrestre trop identique à celui du premier film, il explore le monde des Cénobites qui a tout de la folie surréaliste, hélas entaché d'un désir d'horrifier mal venu. Par ailleurs terrifiant et bigrement esthétique, accompagné de la belle musique de Christopher Young, seul vrai bijou de la saga,l'Enfer prend des allures dantesques intéressantes qui rappelle à lui le spectateur désabusé et déçu. Ce deuxième volet a quelque chose de génial qui perce sous la surface d'épiderme écorché. Il a une forme de poésie que l'on attendait plus et qui exorcise l'horreur bécasse de tout ce qui précède.
L'origine des Cénobites, à peine ébauchée, laisse aussi penser que cet univers pourrait être bien mieux exploité. Le problème étant cette bassesse qui n'axe le propos que sur le sexe et l'horreur sanguinolente qui amène tout l'intérêt du film à se faire exsangue: un San Guignol vampire et parasite ! Et ce, à tel point, qu'une des répliques de Pinhead, qui, comme ses acolytes, se fait enfin plus présent, résonne à notre oreille comme un pacte de lecture (ne l'attendait-on point dans le premier opus que la version française nomme d'ailleurs Le Pacte ?): "C'est ta chair que nous désirons expérimenter, pas ton habilité à marchander [soit à communiquer, à réfléchir, à penser]"



Hellraiser 3



Hellraiser, avec plus d'explosion, plus d'hémoglobine, plus d'action, plus de coups, plus de coût, plus de manichéisme, plus d'exagération jusque dans son titre - L'Enfer sur Terre.
Hellraiser, avec Terry Farrell (Star Trek) pour le plaisir des yeux face au déplaisir des yeux ambiant.
Tout juste un intertexte religieux diaboliquement détourné et quelques bonnes trouvailles dignes de Destination finale. Et le plaisir coupable de livrer la belle Terry au Cénobite devenu sans raison solitaire ...
Hellraiser version blockbuster.



Hellraiser 4



1996, une année où plusieurs franchises tentent de se renouveler en retissant leur univers avec les fils de Highlander et de Terminator, toujours à la mode. Un soupçon de fin du monde aussi, à l'approche annoncée de la dernière année de l'univers: l'an 2000. Citons, par exemple, Docteur Who et Hellraiser.
C'est à coups de chaînes de fer violemment projetés dans la chaire qu'Hellraiser s'adonne à ce plaisir coupable, cherchant à conter l'étiologie et la fin du cube et de ses démons à travers trois générations et trois champs de batailles: La France du XVIIIe où la boîte est crée (on la supposait pourtant plus ancienne), l'Amérique des années 90 où le descendant du créateur de la boîte et sa famille doivent affronter les deux Maîtres de l'Enfer - Angélique une jeune femme sacrifiée au XVIIe siècle et Pinhead - et enfin l'espace d'un futur non précisé où le descendant du descendant du créateur de la boîte cherche à enfermer Pinhaed dans un vaisseau-boîte pour l'exterminer une ultime fois.
Tout un programme !
J'aime ce côté panorama des siècles mais mesure combien cela ne va pas bien dans le sens de ce qui a été déjà proposé dans les trois opus précédents.
L'idée de donner une étiologie et/ou une fin me laisse toujours neutre: cela peut donner un chef-d'oeuvre ou une catastrophe. Ici, cela donne l'improbable tension vers le film familial quand l'esthétique BDSM et horrifique s'en éloigne pourtant toujours autant ...
On note la volonté féministe de cet opus, adjoignant à l'emblématique Pinhead une démone forte, qui n'a d'autre intérêt que ... d'être forte ... loin de la femme-démon du premier opus.
À l'image de son final starwarsien, un ovni qui peut charmer comme faire enrager. Mais en tout cas, un volet assez problématique ...



Hellraiser 5



Ce cinquième opus d'Hellraiser est à classer dans la catégorie des hybrides: toujours en quête de renouvellement, la saga tente une incursion dans le polar noir. Une incursion ! Une incursion si parfaite que ce nouvel Hellraiser devient un polar noir où surgissent de temps en temps des Cénobites et trois courtes fois l'emblématique Pinhead (si l'on excepte la divagation à la sauce western) . Une descente aux enfers non pas dans le sado-machistement démoniaque mais dans le réaliste monde crasseux et sombre des piercings et des serial killers.
Peu amateur de l'univers de Clive Barker, plus passionné par le genre pastiché, j'avoue apprécier ce Hellraiser mais pour une bien mauvaise raison, parce que c'est moins un Hellraiser qu'un thriller à la Seven, Shutter island ou Fight Club.
Pourtant, le dernier tiers du film fait le grand saut et plonge dans le grand bain, la folie, le trouble de la perception, le potentielle schizophrénie, pour prétextes.
Plus psychologique, entre Un Chant de Noël et Huis clos, il me plaît bien, ce Hellraiser et son "Bienvenue en enfer !" quasi final. Mais il ne plaira pas, à juste titre, aux vrais amateurs de cette saga.
Fans d'Hellraiser, passez votre chemin ou perdez tout espoir !



[Suite à venir ?]




Avis général



Au risque d'en froisser plus d'un, Hellraiser, sans doute génial pour certains, par son esthétique très à part, peu conventionnelle, est pour moi purement et simplement vomitif. De la nourriture avariée. La parfaite illustration du sordide. Mais Baudelaire ne voyait-il pas du beau dans la charogne ?
Hellraiser qui prétend faire bander les fétichistes fera plutôt jouir les nécrophiles et les scatophiles. S'il a une poésie, que j'entrevois à peine, elle est hermétique à mon esprit qui sait pourtant se gorger de lugubre.

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le 6 nov. 2018

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Frenhofer

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