Henri
6.2
Henri

Film de Yolande Moreau (2013)

Yolande Moreau ne réalise pas des films pour faire son intéressante. Elle veut juste raconter des histoires qui la touchent, avec des acteurs qu'elle admire, dans des lieux qui lui parlent. Sa démarche est celle d'un artisan qui travaille tranquillement dans son coin, puis montre son ouvrage quand il est terminé.

Henri a souvent le nez en l'air et un verre à la main. Rosette a le regard qui brille et des rêves d'évasion. Henri et sa femme tiennent un restaurant ouvrier. Quand la femme d'Henri meurt, Henri embauche Rosette. Rosette vient des "Papillons blanc", elle est déficiente mentale.

C'est une histoire à deux vitesses : le récit lent d'une vie monotone dans un coin perdu de Belgique, une vie d'habitudes, de solitudes, de beuveries, puis l'échappée belle, l'évasion, le rêve éveillé. Henri est une rencontre, une romance amoureuse, un point de rupture.

Magnifiquement filmé, le film impose une rythmique lancinante qui peut dérouter. S'il marque le pas en fin de première partie, la seconde partie est beaucoup plus enlevée, un peu folle, pleine d'espoirs. C'est là que le travail de Yolande Moreau, mais aussi celui des comédiens, Pippo Delbono et Miss Ming donne toute sa mesure. On retiendra quelques très belles scènes, de beaux sourires, et la constante bienveillance d'une réalisatrice qui prend garde de ne jamais tomber dans la niaiserie, et refuse de bêtifier [et de béatifier] ses personnages.

En pense à Kaurismäki. Et même si Henri n'atteint pas les fulgurances poétiques des films du cinéaste finlandais, on est dans ce registre humaniste et digne, qui n'embellit pas la réalité mais la retourne et la révèle dans ce qu'elle peut avoir de meilleur.

Film rigoureux et très écrit, Henri impose un regard et un vrai point de vue cinématographique, celui d'une actrice-réalisatrice moins barrée qu'on voudrait le croire, mais peut-être un peu trop humble. Davantage de souffle, un peu plus de démesure, et Henri aurait été magnifique.

Film vu en avant-première, en présence d'une Yolande Moreau drôle et bavarde, sérieuse et profonde, qui a su nous faire partager sa démarche et ses aspirations avec clarté et conviction.
pierreAfeu
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le 1 oct. 2013

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pierreAfeu

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