His
His

Film de Rikiya Imaizumi (2020)

Il m'a fallu deux visionnages, dans des conditions différentes, pour appréhender correctement ce film.

1- Bilan du 1er visionnage : des incompréhensions et un avis mitigé

Tout débute avec Shun, jeune adulte sobre et solitaire, dans un coin perdu du Japon. On comprend assez rapidement que c'est un homme venu là se mettre à l'écart du monde, loin des blessures infligées par la société et celui qui l'a manifestement abandonné (depuis combien de temps ? ce n'est pas précisé).

L'atmosphère est douce-amère, dans un temps comme suspendu, quand déboule l'inattendu : l'arrivée aussi soudaine qu'imprévue de l'égoïste et inconséquent Nagisa, l'amour de jeunesse perdu, qui s'impose dans la maison de Shun... avec sa petite fille !

Clairement, à cet instant, mon sentiment est : WTF ! Mais d'où il sort, ce grand malade ? On débarque pas comme ça dans la vie de celui qu'on a largué comme un malpropre !

Et ce sentiment -qui va m'accompagner pendant une grande partie du film et m'empêcher de ressentir la moindre empathie pour Nagisa (qui se bat pourtant pour vivre sa vie et garder sa fille), tellement il apparait auto-centré et fort peu soucieux des sentiments d'autrui - va déteindre sur l'ensemble du film et me laisser finalement déçue :

- déçue car le comportement de Nagisa n'est que très partiellement expliqué,

- déçue car le propos sur la manière de trouver ou non sa place dans une société qui ne veut pas de vous était pourtant vraiment intéressant mais pas totalement abouti et surtout gâché par le point précédent.

2- étape intermédiaire : quelques mois plus tard, je découvre que ce film est une suite d'un court drama du même nom sorti l'année précédente (https://www.senscritique.com/serie/his_i_didn_t_think_i_would_fall_in_love/43075254) et racontant la rencontre de Shun et Nagisa à l'adolescence.

3- Bilan du 2e visionnage, après avoir vu la série initiale : à regarder dans l'ordre, pour enfin comprendre la personnalité de Nagisa

Le drama se termine sur Shun et Nagisa à la veille de leur dernière année de lycée,

deux oisillons fragiles effrayés par leur situation et par l'avenir mais finalement déterminés à l'affronter ensemble.

Nous les retrouvons au début du film à l'âge adulte, sans savoir combien d'années se sont écoulées et comment ils les ont vécues.

On pourrait penser que ce laps de temps inconnu rompt tout lien entre la série et le film (d'autant que les acteurs ne sont pas les mêmes bien sûr !) mais il n'en est rien, au contraire.

Car la série, qui s'écoule sur quelques semaines, illustre parfaitement ce difficile moment du sortir de l'enfance et éclaire la personnalité des deux protagonistes, et tout particulièrement de Nagisa : sans la série, il manque vraiment les éléments nécessaires pour comprendre que le détachement, l'inconsistance, et les étonnants choix de vie de Nagisa viennent de questionnements et blessures profondément et douloureusement ancrés.

"His" est finalement une oeuvre délicate, qu'il faut prendre le temps de comprendre et d'apprécier, et dont le propos n'est jamais manichéen. D'ailleurs, mention spéciale pour le rôle difficile de Rena, femme blessée et mère dépassée, que l'on ne peut pas vraiment détester.

Créée

le 6 août 2023

Critique lue 24 fois

Cerianeth

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