Parfumé à la sueur de Besson

Malgré sa réputation de nanar, je me suis posé devant Hitman sans trop d'à-priori, parce que je viens de commencer le jeu et que je voulais rester dans l'ambiance.

Première bonne surprise : c'est Xavier Gens à la barre, un réalisateur à la filmo discutable, mais dont j'avais adoré The Divide, en 2011 (soit quelques années après Hitman). La mise en scène est compétente, car Xavier sait ce qu'il fait, et même avec le pire script du monde, il reste un technicien correct, mais c'est ponctué d'effets kitchs, comme des jump cuts flashbangs dignes des pires lubies de Tony Scott.


Dès la première scène d'action, on sent que l'équipe n'a aucune idée de ce qu'il faudrait faire de la caméra et des acteurs. Les chorégraphies mollassonnes font quelques efforts d'inventivité, mais ont été totalement charcutées dans la salle de montage. Sérieusement, j'ai beau avoir vu quelques Jason Bourne et deux Taken, je suis encore choqué d'imaginer que quelqu'un a regardé le montage des combats de Hitman et s'est dit "Ouais, ça fait le taf, sortons le film dans cet état", car c'est réellement sans queue ni tête : la caméra change brutalement d'angle à chaque cut, passant d'un côté à l'autre de l'action sans se soucier de la lisibilité et des mouvements de ses personnages.


Deuxième bonne surprise, Timothy Olyphant est parfait, comme d'habitude. Dans le rôle principal, il incarne un Agent 47 qui transpire* (on y reviendra) la classe et on le sent très investi malgré la nullité du projet et des seconds rôles. On a Dougray Scott qui joue aussi mal que dans Mission Impossible 2, Ulrich Thomsen absolument risible en président russe, et Olga Kurylenko qui fait ce qu'elle peut, mais à qui on a donné le pire rôle féminin imaginable (on y reviendra aussi).


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* Le film pue la sueur de Besson à des kilomètres à la ronde. Sans même savoir qu'il était impliqué, j'ai senti ses mains moites et son souffle pesant sur le script lors de l'apparition d'Olga, sexualisée à mort dès ses premières minutes à l'écran. La présence d'un réal français aux commandes d'un gros film ricain aurait dû me mettre la puce à l'oreille, mais je suis un peu lent.


On se paye donc une grosse tranche de Besson pendant tout le film, avec une top-modèle slave magnifique, dans le rôle d'une créature affriolante et effarouchée, qui pleure piteusement sous les coups de ses bourreaux et a besoin d'être sauvée. On a de la torture esthétisée sur meuf à poil, et Olga qui se promène cul ou seins nus durant tout le film. Les rares fois où elle porte des vêtements, ils sont échancrés, transparents, ou les deux, pour ne surtout pas cacher ses nichons.


Évidemment, c'est une prostituée, et notre anti-héros va lui aussi la traiter comme une merde, mais comme il est beau et viril, ça excite la donzelle et quand il lui dit "Ta gueule, ou je te remets dans le coffre de la voiture", elle a l'air toute attendrie. Plus tard, après s'être fait traiter comme un objet pendant la dernière demi-heure de film, elle essaye de lui grimper dessus pour le récompenser de ses efforts, et il l'endort avec une seringue hypodermique, parce que c'est un homme d'action, et que le sexe, c'est pour les faibles.

Et bien sûr, tous les autres personnages féminins sont des putes que les méchants violentent et menacent pour affirmer leur vilénie.


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À part ça, la musique, c'est "Royalty free suspenseful music to work and study".


On a étonnamment beaucoup de sang et de gore, et même du démembrement, parce qu'en voulant à tout prix mettre des nichons, ils se sont pris une classification pour adulte, alors autant en profiter et lâcher la sauce.

Et s'il y a autant de sang et de violence, c'est parce que cet Agent 47 ne fait pas dans la dentelle et passe tout le film à déboulonner des russes à l'arme automatique. Vous vous souvenez de la série des jeux Hitman dans laquelle on se déguise sans cesse pour infiltrer des lieux publics au grand jour, en se cachant dans la foule anonyme pour approcher sa cible et faire passer sa mort pour un accident ?


Skip Woods n'avait clairement pas ça en tête au moment d'écrire le script, car Timothy ne se déguisera que deux fois, et ne le fera que pour immédiatement sortir deux énormes flingues et défourailler à tout va. Sérieusement, Skip, tu n'avais qu'un job : retranscrire l'esprit des jeux en montrant le héros qui se déguise et avance peu à peu vers sa cible sans tirer un coup de feu. Là, on est plus proches de Max Payne que d'Agent 47, pour le body count.


À défaut de mieux, le film nous fait voyager un peu : Moscou, Saint-Pétersbourg, Istanbul, Londres, tout le budget est passé dans les billets d'avion, car entre l'hélico CGI rigolo et un plan final sur fond vert honteux, on avait clairement plus de pognon pour les effets spéciaux.

Ezhaac
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Dustin Hoffman n'était pas dispo' alors on a contacté Nicolas Cage et Ezh - Vu en 2025

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le 10 nov. 2025

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Ezhaac

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