Spielberg n'a pas d'humour
Les films de Spielberg ne contiennent ni légèreté, ni ironie. Si "Indiana Jones et la dernière croisade" est l'exception, c’est grâce à Sean Connery, qui a créé un personnage de Henry Jones diamétralement opposé de celui initialement prévu. Spielberg aime l’emphatique et l’évidence, il préfère la démonstration à la suggestion.
Malheureusement, c’est cette emphase qui met du plomb dans l'aile de "Hook", pourtant excellent à bien des égards. Qui d’autre que Spielberg, réalisateur de l’enfance par excellence, pour imaginer ce que deviendrait Peter Pan s’il devenait un adulte ? L’enfance et ce qu’elle contient sont justement montrés pendant la quasi-totalité du film. L’absence du père, le besoin d’en trouver un de substitution, le désir de pouvoir faire ce que l’on veut, la haine des adultes et de leur autorité sont mélangés avec justesse, offrant au film des instants de réelle émotion. C’est vers la fin que le bât blesse. Les scènes de bonheur pur et parfait de Peter Pan avec son fils (tête à claque n°1) d’abord, avec sa fille (tête à claque n°2) ensuite, et avec le reste de la famille enfin, font presque soupirer d’embarras. Le bonheur, oui, mais à condition de ne pas tomber dans le cul-cul.
En fait, la qualité la plus indéniable de "Hook", c’est Dustin Hoffman. Il forme avec Bob Hoskins (au râpeux accent anglais) un duo comique formidable, qui offre au film ses meilleures scènes. On y décèle en effet l’ironie qui nous a échappée pendant bien des années, et l’on comprend alors que, comme Peter Pan, on a grandi.