La polémique ne m'intéresse pas, je ne l'ai d'ailleurs pas suivie. Tout juste ai-je pu constater qu'il s'agit effectivement de la suite logique dans le devoir de mémoire à "Indigènes" du même Rachid Bouchareb, avec un casting quasi identique (à un Sami Naceri près qui aurait peut être plus brillé que Roshdy Zem dans le rôle de Messaoud).
Si on se fie à l'affiche et au titre (je lui aurais préféré le titre arabe "fellagha", véritable résistant, plus proche du propos du film), on peut s'attendre à un polar sur des frères algériens devenus gangsters à Paris. Loin s'en faut. Si effectivement c'est la voie qu'emprunte Saïd (joué par un Jamel Debbouze efficace et touchant), le véritable héros du film est le FLN et la lutte du peuple algérien, inspiré par le succès vietnamien, pour son indépendance et l'égalité.
C'est effectivement une page de l'histoire assez trouble pour quelqu'un n'étant même pas né à l'époque des faits, les discours officiels fermant volontiers les yeux sur certaines "bavures" de l'empire colonial français. Tous les éléments sont là pour pouvoir appréhender la vision algérienne de la marche vers l'indépendance, ses motivations et sa rudesse. Les éléments sont tellement là qu'ils manquent souvent de subtilité (ne serait-ce que dans les choix faits par les frères après le massacre de Sétif), la tentative d'exhaustivité et d'objectivité n'aidant pas un rythme déjà assez poussif. On pourra également reproché au réalisateur sa tendance à la musique pompeuse, faisant souvent sombrer ses personnages dans un pathos inutile.
Ceci étant dit, il y a de bonnes choses, notamment dans les jeux de Jamel Debbouze (attachant en petite frappe qui rêve de gloire) et de Sami Bouajila qui joue un Abdelkader (en hommage à celui qui est considéré comme à l'origine de la nation algérienne ?) fanatique qui doit combattre ses propres contradictions.
Beaucoup de polémique concernant la description du massacre de Sétif. Quelque soit le nombre de morts, il y en a eu de toute façon eu trop et la position officielle française longtemps beaucoup trop hypocrite. Peu importe que certains nostalgiques soient égratignés, un peu d'espoir de changement (surtout en ces temps troublés) et un rappel de quelques évidences ne peuvent pas faire de mal.