Horus, prince du soleil
6.2
Horus, prince du soleil

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1968)

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Le titre fait référence à l'attrait principal de cette oeuvre qui réside probablement dans l'identité de deux de ses artisans principaux.
Le réalisateur tout d'abord, un certain Isao Takahata.
Le directeur artistique ensuite, inconnu au bataillon en 1968 et dénommé Hayao Miyazaki.
Nul doute que la majorité des personnes ayant vu le film y a été amenée par le biais de ces deux illustres membres du studio Ghibli, que l'on ne présente plus.

Horus, c'est aussi et surtout l'histoire d'une gestation douloureuse.
Une production étalée sur trois longues années, interrompue à plusieurs reprises suite à des désaccords entre l'équipe technique (Takahata et Miyazaki en tête) et le studio Toei d'une part, en raison de difficultés financières d'autre part.

Cela affecte de façon flagrante le résultat final, le plus visible pour le spectateur étant la qualité très inégale des traits.
Les deux principales scènes d'action caractérisent de la façon la plus extrême cet état de faits : deux attaques sur le village, se résumant tout bonnement à des plans statiques ainsi que relevé par @20thCenturyBoy par exemple.
Parallèlement à cela on relève quelques coups de génie, la séquence la plus représentative étant à mon sens la tempête de neige sur le village, juste magnifique.
Du reste, on oscille entre un dessin donc la qualité ne souffrirait pas de la comparaison avec certains productions récentes, et des quasi-esquisses, sans doute le travail des petites mains de "grouillots" auxquels sont souvent confiés des tâches annexes comme les personnages secondaires dans des plans très peuplés, ou la complétion de certains décors.
Ceci se retrouve d'ailleurs soit d'un plan à l'autre, soit au coeur d'une seule et même scène, où le personnage principal bénéficera d'un luxe de détails alors que ses voisins se contenteront de quelques traits rapides.
On devine également les différentes phases du conflit ayant opposé créatifs et financeurs, tant les séquences proches de la fin du film retrouvent un niveau supérieur à celui constaté au coeur du film.

Ce constat mitigé étant à relativiser par la qualité de l'animation, de bonne facture et relativement homogène elle, particulièrement en égard de son âge.

Un autre gros bémol est selon moi l'habillage musical.
De piètre qualité, très fade, il ne sert guère l'histoire et ne contentera pas le niveau d'exigeance que le spectateur de films d'animation récents a acquis avec le temps.
Conséquence ou non des restrictions budgétaires, c'est en tout cas bien dommage.
Mais après tout, il faut parfois un contraste de ce genre avant de prendre pleinement conscience de tous les efforts fournis dans les productions actuelles, spécialement chez Ghibli, dont l'harmonie entre image et son est remarquable.

La narration, extrêmement classique, reprend les poncifs du récit d'aventures. On repère même un petit clin d'oeil au mythe arthurien en début de film.
Les différents protagonistes, basiques, suivent une intrigue ma foi très linéaire et primaire.
Situations et personnages sont régulièrement catapultés ex nihilo, et l'usage qui en est fait n'est pas toujours ni très clair ni très satisfaisant.
Rien d'exceptionnellement bon ou mauvais pour cette époque je suppose.

Je me faisais récemment une réflexion similaire en discutant avec un pote gamer, qui se plaignait à propos de la qualité scénaristique d'un jeu dont le titre exact m'échappe.
Nous en sommes arrivés à la conclusion que si l'on retournait ne serait-ce que 10 ou 15 ans en arrière, la complexité des intrigues proposées, l'étendue des possibilités offertes au joueur, la liberté et la profondeur conférée dans les "arbres de choix" des jeux d'alors ne pouvaient en aucun cas rivaliser avec les productions récentes.
Finalement, que ce soit pour la narration ou la bande originale, le même raisonnement peut vraisemblablement s'appliquer au cinéma d'animation.

En résumé je dirais que les points forts de ce joli petit film d'animation prédominent malgré tout, surtout si l'on tempère ses faiblesses avec les conditions ayant entouré sa réalisation.
Bien sûr qu'on s'attarde avec délectation sur les graines disséminées ici et là, qui germeront pour donner naissance aux films plus récents que l'on connaît.
On retrouve d'ailleurs sans difficulté les thèmes chers aux deux Maîtres : la nature, l'importance de la solidarité entre les hommes, la prédominance et l'espoir dans l'enfant et, déjà, la place toute particulière laissée aux jeunes filles dans l'univers Ghibli que l'on découvrira ensuite.
SeigneurAo
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le 3 mars 2012

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SeigneurAo

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