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Malgré son titre racoleur, "How to Have Sex" n'est pas une débauche giclante à l'écran, plutôt retenu en fait et c'est à son avantage.

Ca transpire beaucoup, certes grossièrement mais c'est surtout de l'énergie débile et débilement dépensée, la véritable débauche n'est jamais montrée, ça ne va plus loin que n'importe quel clip de rap pris au hasard.

Pourtant il y avait tout pour, les vacances, le festival, l'alcool, le désir mais la cinéaste a la pertinence de ne pas dévier de son point focal, le traumatisme de l'héroïne.

On suit un petit groupe d'adolescentes bouillonnant d'excitation qui s'en vont faire la fête pour les vacances avec un objectif en tête, le sexe.

Bien que, cette introduction m'ait effrayé pour le reste du film me rappelant que, pire qu'un groupe d'adolescents débiles il y a un groupe d'adolescentes débiles gueulardes et hystériques, la cinéaste réussie à nous intégrer aux personnages notamment en ayant la pertinence de rapidement se focaliser sur son sujet et le personnage concerné, le personnage de Tara.

On sent tout de suite un semblant chez elle, qu'elle s'efforce de paraître autre chose que ce qu'elle est et de désirer autre chose que ce qu'elle désire, une adolescente somme toute qui ne sais pas et qui se laisse influencer par la pression et le jugement de son entourage, elle attrape je dois dire rapidement mon empathie.

Le film réussie pleinement à nous faire ressentir cette pression sociale, notamment chez les adolescents à propos du sexe qui devient une obsession, un malaise et un mal-être, j'aime le fait qu'elle ne prenne de parti moral.

Ce mal-être donc, qui est parfaitement accentué et incarné par cette amie de Tara, personnage insupportable avec des bites plein la tête mais qui ne viendront jamais la boucher. Ai-je dis que ce personnage est insupportable ? Il est insupportable certes, mais d'une certaine réalité.

Elle rendra d'autant plus difficile a Tara l'effort de briser le tabou, l'enviant à chaque instant et lui rappelant dès qu'elle le peu que ce qu'il lui arrive est génial. Horrible.

La réalisatrice crée un véritable pont entre les personnages, Tara principalement et le spectateur qui reçoit vivement leurs émotions et états d'âme.

La réalisation, propre sans rien d'exceptionnel touche régulièrement juste, je reconnaît un certains sens du cadrage et surtout ( contrairement à Denis ) un sens de la durée à accorder aux plans pour transmettre l'émotion visée, aussi désagréable puisse-t-elle être. A plusieurs reprise la sensation de malaise est flagrante sans qu'elle n'ait besoin de trop en faire et je trouve ça plaisant.

Il y a cette scène, point d'orgue du film que je trouve réellement géniale, qui m'a pris aux tripe, lorsque Tara est coincée au lit avec un espèce d'animal primaire aux oeillères orientées droit au cul. On sent le piège se refermer petit à petit, il soulève le drap elle le remet, il la caresse elle s'éloigne, elle est comme en chute libre et ferme les yeux pour en faire un mauvais un rêve mais se réveille écrasée sur le sol dur et pénétrant. Une véritable scène d'horreur, glaçante qui nous montre à quel point une situation de panique peut, bien loin de nous faire réagir nous figer dans l'impuissance.

Malgré tout, quelques fautes de goûts et effets balourds, comme lorsqu'après une soirée oubliée nos compagnons se rendent compte de la disparition de leur amie, s'installe une ambiance lourde, mystérieuse avec en fond une musique d'enquête digne d'un mauvais Hercule Poirot qui dénote du reste du film, un choix que je trouve absolument nanardesque et m'a bien fait rigolé.

Mais surtout, le film s'essouffle trop vite et ce n'est pas à son avantage lorsque l'on dure une petite heure et demi. Même si c'est un premier un long métrage la cinéaste donne vraiment l'impression de ne pas savoir comment remplir cette durée, l'émotion se perd, elle se lasse, je me lasse et j'ai envie de faire autre chose. C'est vraiment sur ce point que le film pêche, son incapacité à garder le spectateur concerné tout le long de sa petite longueur.

La faute notamment à Molly qui tourne en rond dans son processus de mise en scène, qui consiste à isoler le personnage par le flou de l'arrière plan et du son. Cela fonctionne la première fois mais au bout de la seconde c'est vite rébarbatif et elle le refait à chaque fois, desservant le propos, faisant passer l'inquiétude, la crainte et la marginalisation du personnage pour simple ennui.

Egalement, cette vaine tentative de faire vrai, avec ce cadre toujours un peu mouvant ou tremblotant traduit un manque d'idée et un pauvre esprit de mise en scène, un artifice similaire à la caméra épaule pour les scènes d'action à défaut de savoir quoi faire.

Un film très sympathique toutefois qui réussie à nous plonger dans l'inconfort d'une jeune fille, qui subit et se force à des passage qu'elle se pense obligée, jusqu'à la dépersonnalisation et la négation d'elle même qui en dit long sur une société du paraître, broyant à la chaîne la nouvelle génération d'adolescents.

Dommage que la fin soit un retour à la case départ, inconsciente et braillarde, réduisant à néant le propos de la cinéaste qu'elle s'est balourdement essayée de transmettre.

xaiy
5
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le 9 avr. 2024

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