"Husbands", sans peut-être atteindre au pur génie de certains autres Cassavetes, reste l'un des manifestes les plus éclatants de son style inimitable et révolutionnaire : des dialogues qui paraissent toujours improvisés (grâce au talent des acteurs et à la liberté que Cassavetes faisait souffler suur ses tournages, car les dialogues étaient en fait très écrits...), une caméra portée suivant toujours les personnages et les cadrant de très près, mais surtout un jeu d'acteurs très physique : les personnages s’embrassent, se prennent à bras le corps, s’enivrent et cherchent délibérément à faire voler leur pudeur en éclat pour exorciser leur détresse, restaurer la vérité de leurs rapports de telle sorte qu’on se retrouve toujours au bord de la rupture, de la déception ou de l’amertume. "Husbands", avec sa longueur inhabituelle sera donc une expérience éprouvante pour certains, mais véritablement bouleversante pour qui aime la vie, dans sa terreur et sa passion.
[Critique écrite en 1986]