L'intérêt du film de Jeffrey Schwarz est de replacer Divine dans son contexte, personnel d'abord, artistique ensuite, les deux se mêlant rapidement, les frustrations se transformant en rage dans le corps travaillé du travesti le plus célèbre du cinéma.

Enfant et jeune homme, Harris Glenn Milstead a souffert, parce que différent. Inversant la tendance, devenant Divine, ce travesti énorme et agressif, débordant de partout, il a stigmatisé une époque et représenté pour nombre d'exclus une revanche symbolique. Présenté comme icône pré-punk, capable de tout, associé à John Waters et sa bande, Divine représente encore aujourd'hui une démesure et une outrance particulièrement salutaires.

Très classique dans la forme, I am Divine s'entretient avec de nombreux compagnons de route de l'artiste décédé brutalement en 1988, alors même que sa carrière prenait un tournant décisif. Car Glenn ne se limitait pas à n'être que Divine. Professionnel accompli, il voulait avant tout être reconnu comme artiste. De fait il le fut, même si sa création, cette créature improbable et cauchemardesque, infiniment drôle parce que transgressive, a longtemps fait de l'ombre au talent réel du comédien.

Les interventions de John Waters sont passionnantes, mais pas seulement, touchantes également, tant on mesure le lien affectif qui unit le réalisateur au comédien. L'un n'aurait pu être reconnu sans l'autre et chacun le savait. On est également ému par la mère de Divine, vieille américaine middle-class typique, revenant sur ses erreurs, finalement admirative de ce fils hors cadre.

Bref, en sortant de la salle, on n'a qu'un envie : revoir Pink Flamingos, Desperate living et Female Trouble !
pierreAfeu
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le 31 mars 2014

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pierreAfeu

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