Muriel Robin n'en fait qu'à sa tête

Pour cette fin d'année, TF1 a diffusé un programme pour le moins original et attrayant pour qui aime Muriel Robin : un film qui met en scène les plus grands sketchs de l'humoriste. D'un one-woman show, I Love You Coiffure passe en situation réelle avec une tripotée d'acteurs connus en guise d'interlocuteur, et de personnalités en tout genre dont la présence reste encore un mystère pour certaines (Nikos Aliagas, Jean-Pierre Foucault, Roselyne Bachelot ?!)... Bon, cette critique suit l'avis général : c'est un ratage complet ! Pourtant, l'idée de départ semblait intéressante et osée et pouvait permettre d'actualiser ces sketchs des années 90. Réalisé et écrit par Muriel Robin (et assistée par Pierre Palmade), le téléfilm tisse un fil rouge en racontant l'histoire de jumelles que tout oppose. L'une pète un câble en apprenant que sa fille va se marier avec un homme noir tandis que l'autre tient le fameux salon de coiffure. Entre elles, il y a leur mère (aussi jouée par Muriel Robin), et les souvenirs de leur enfance. Si l'idée est là et aurait pu fonctionner en s'adaptant à la forme télévisuelle, on ressent dès les premières scènes que la sauce ne prend pas et que la tentative est plus que ratée. Muriel Robin, au tempérament de feu, est excitée comme une puce et part en roue libre, laissant ainsi défiler ses guests sans aucun investissement quelconque de leur part. Ils lui donnent la réplique, c'est tout. La plupart d'entre eux sont très mous du genou. On se demande ce qu'ils viennent faire là-dedans, si ce n'est récupérer un bon gros cachet. C'est assez désolant et parfois difficile à regarder... Je me demande comment l'humoriste a pu assumer un tel vide artistique. Car oui, il n'y a rien de neuf, les sketchs sont à peine retouchés et l'imaginaire que véhiculait ses seule en scène disparait pour laisser place à une simple redite dans des décors. L'humour ne fonctionne pas : c'est très lourd, répétitif et fatigant. On perd toute la saveur, la spontanéité et l'intensité de ses sketchs originaux. Je ne parlerai même pas de la mise en scène qui est pour moi totalement insipide ni des musiques tout droit copier-coller de Joséphine, ange gardien... J'ai eu un petit espoir lors du flash-back de leur enfance, qui a prouvé l'existence d'un directeur de la photographie, ou encore pour la reprise du célèbre sketch de l'addition mais ce fût à chaque fois de courte durée. Là où je me suis dit que Muriel Robin n'en fait qu'à sa tête, ne sachant absolument pas réaliser un film et se foutant cruellement de se réinventer, c'est lors de la dernière scène kitsch à souhait où des bulles de savon avec des incrustes de tout le casting disent "Je t'aime" en adresse caméra. Là, je me dis qu'on ne peut pas tomber plus bas dans la niaiserie, le malaise et le fond du bocal ! Et la déception est d'autant plus grande quand on apprécie la comédienne, qui, je trouve, peut être très performante. C'est quand même bien rare de voir tant de talent se transformer en désastre à ce point...