Du potentiel, mais...

Résumé concis d’Idiocracy : dans le futur, les gens sont encore plus cons que maintenant.

Voilà.

Non sérieusement, le film avait un bon potentiel, le pitch est hyper intéressant (bon faut avaler la pilule de l’intelligence présentée comme dépendant uniquement de la génétique, et d’ailleurs pendant qu’on y est QI = intelligence parce que c’est plus simple à comprendre) et ça semblait bien parti pour taper sur les dérives de notre société en lui présentant un miroir déformant. C’est ce que le film fait de temps en temps, ça parle de d’abrutissement par le divertissement bas-de-gamme, de mépris de la culture, de je-m’en-foutisme écologique et de l’omniprésence du marketing et de la consommation dans nos vies. Ça se ressent évidemment dans le scénario et le traitement personnages (dont un président catcheur et le pire gouvernement du monde), mais aussi dans l’univers visuel du film qui est plutôt bien pensé et foisonnant de détails, comme les vêtements des personnages intégralement bardés de pubs. Ajoutez à ça un humour potache certes moyennement subtil mais efficace et quelques scènes tordantes et il y avait tout pour faire une bonne comédie intelligente avec plusieurs degrés de lecture.

Mais pour moi ça a foiré à cause d’un problème majeur : la stupidité des personnages du futur est exagérée à l’extrême et détruit la crédibilité du scénario. On n'a pas l’impression de voir des adultes idiots, mais plutôt des enfants à moitié autistes ou la population d’un hôpital psychiatrique après prise de médicaments. Les personnages anonymes sont d’une mollesse infernale, marchent comme des zombies en regardant leurs pieds avec des expressions de merlans frits, et même les personnages « importants » comme Frito le sidekick rigolo font passer les Verdebois et les Dursley pour une bande de génies. Ils sont pathétiques non pas parce qu’ils sont les victimes d’un système abrutissant et liberticide, mais tout simplement parce qu’ils sont cons comme des fers à repasser. En conséquence je n’ai pas réussi à éprouver de réelle empathie pour un seul de ces personnages, y compris pour le héros bien trop lisse qui est juste le gars normal lâché au milieu des fous, et qui se sort de chaque mauvaise passe en utilisant des ruses de cartoon sur des types dénués du bon sens le plus élémentaire.

Dernier point négatif, le film est étonnamment court, à peine 75 minutes, en on reste clairement sur sa faim. Au final j’ai l’impression que le réal a eu peur de pousser trop loin l’aspect dystopie du scénario (probablement sous la pression des producteurs et de la Fox, ça ne m’étonnerai pas qu’un projet pareil les ait mis dans l’embarras) et a finalement opté pour du full comédie, quitte à mettre la pédale douce sur des idées pourtant bonnes. Ça reste une bonne comédie potache à regarder avec des potes autour de bières fraîches, mais n’en attendez pas trop sous peine d'être déçus.