If You Were Me essaie à travers chacun des six courts métrages qui le composent de faire réfléchir le spectateur sur des discriminations encore malheureusement trop présentes dans la société Coréenne, voir la notre pour certain sujets, en nous montrant la dure réalité de ses gens « différents » car ils n'entrent pas dans la norme de la société. Chaque courts métrages ont une approche vraiment différentes du traitement de leur sujets sur le fond comme sur la forme et reflètent bien le style de chaque réalisateur.

Le 1er court métrage, The Weight of Her, traite de la discrimination physique et plus particulièrement vis à vis du poids. On voit donc que, dans une école, les professeurs effectuent des pesées régulières répétant aux élèves qu'ils ne trouveront pas de travail si ils sont trop gros. Tout est fait pour mettre la pression aux élèves ce qui accentue le sentiment de malaise des élèves qui sont prêt à tout pour rester mince (pilule amaigrissante, cure ...). Le choix de ce sujet par la réalisatrice du film n'est pas anodin car il la touche personnellement. On voit d'ailleurs à la fin du film une référence directe aux choses qu'elle a subit à cause de son poids.

Le 2e court métrage, The Man with An Affair, est le plus original des courts métrages du film. En y exposant la discrimination ici de manière moins directe mais à travers un univers futuriste, un pédophile habitant dans un immeuble où est affiché sur sa porte un écriteau mentionnant ses actes, fait apparemment courant en Corée tout comme il me semble en Belgique où ce procédé de punition par la honte a été instauré. Le réalisateur ne va cette fois pas utiliser directement le pédophile pour dénoncer la discrimination qu'il subit mais un enfant, chose osée mais plutôt réussie.

Un enfant qui fait pipi au lit est renvoyé de son domicile par sa mère tant que ce dernier n'aura pas ramené un saut plein de sel. L'enfant va donc d'appartement en appartement demander du sel et tombe sur les différentes classes de la population qui refuseront de lui en donner avec différentes réactions allant de la moquerie au dédain tout comme un pédophile cherchant un emploi mais en étant obligé de mentionner son passé. Un court métrage donc très réussi.

Crossing, le 3e court du film traite du sujet très difficile des handicapés. Au travers de petits morceaux de vie d'un véritable handicapé mental jouant son propre rôle, on découvre son quotidien, ses rapports avec les autres, ainsi que la manière dont il est perçu par le reste de la population. Une sorte de réponse ironique au film Oasis.

Tongue Tie : Dans ce court, après une courte introduction nous présentant le background (un enfant avec des problèmes d'articulation a du mal à parler anglais), on assiste pendant le reste du court à l'intégralité de l'opération qui est assez repoussante. Fait de plusieurs plans séquences, la vision de ce court métrage est vraiment difficile car durant dernière partie de l'opération, on voit tout ce qui se passe dans la bouche de l'enfant, ce qui est assez répugnant surtout que les images diffusées sur l'écran de contrôle sont des images d'une véritable opération.

Si sur le fond on comprend bien que faire autant souffrir un enfant car il ne peut pas prononcer les R est douteux, sur la forme la manière dont le réalisateur veut nous dégoûter est plus contestable, la solution de facilité n'était je pense pas la meilleure surtout lorsque l'on voit ce qu'ont réussi à faire les autres réalisateurs sur leurs sujets, ce court métrage est clairement le moins bon des courts métrages du film.

Face Value : Court métrage réalisé avant que le projet If You Were Me prenne sa forme et son sujet définitif, Face Value est plus court (7 min à peine) et assez différent des autres courts puisqu'il choisit de s'orienter vers le fantastique. Son thème est le jugement par les apparences et tourne autour de deux personnes dans un parking. Chacun croyant connaître l'autre simplement en jetant un coup d'œil sur leur position (guichetière dans un parking), leur bien matériel (la voiture) et avant tout leur physique. Moins fort que les autres courts métrages abordant un sujet qui parait moins important que les autres mais qui s'explique par la réalisation effectuée avant la confirmation du sujet initial même si d'une certaine façon, il a sa place dans le film.

Never Ending Peace And Love : Ce dernier court métrage est le plus attendu mais aussi le plus long avec une durée de presque une demi heure car son réalisateur n'est autre que Park Chan-wook (J.S.A, Sympathy for mr Veangeance, Oldboy). Le film dénonce la xénophobie des coréens envers les étrangers en racontant l'histoire vrai de Chandra Kumari Gurung, une femme venue du Népal pour travailler dans une usine en Corée. Mais un jour, lors d'une dispute avec ses collègues de travail, elle part de l'usine furieuse en oubliant son sac et se perd. C'est la que va commencer sa triste aventure puisque sans son sac et n'ayant aucune preuve de son identité, Chandra va être internée dans un hôpital psychiatrique.

Ce court métrage allie le documentaire et le film, Park Chan-Wook est allé retrouver Chandra au Népal afin de reconstituer son histoire. Le film est en noir et blanc ou plutôt utilise un filtre noir et blanc très clair, presque bleu gris, qui donne un coté très froid à l'image alors que les passages avant et après le récit de l'aventure, où l'on voit Chandra, sont en couleur. Construit comme un semi documentaire, on vit à la fois le récit du point de vue de Chandra mais également des personnes qu'elle a rencontré avec des interviews de différentes personnes (médecins, policiers ...) qui servent de transition.

La triste réalité est que Chandra passa plus de six ans en institut psychiatrique à cause de la bêtise des personnes qu'elle a rencontré et qui n'ont pas voulu croire qu'elle n'était pas Coréenne. Park Chan-Wook montre bien la difficulté de vivre dans une société tel que celle de la Corée du Sud lorsque l'on est différent par une situation à la fois absurde mais aussi également ironique qu'a vécu la pauvre Chandra.

Au final, If You Were Me est donc très réussi, tous les courts métrages arrivent à former un tout cohérent sur les différentes discriminations de la société coréenne avec talent. Une bonne surprise donc qui contrebalance un peu le surplus de blockbuster qui déferlent sur le cinéma Coréen ces derniers temps.
Ryo_Saeba
8
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le 8 oct. 2010

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