I.K.U. (2001) / 74 min.Réalisateur : Shu Lea Cheang
Acteurs principaux : Ayumi Tokitō - 時任 亜弓 ;
Mots-clefs : Japon ; Taiwan ; Erotique ; SF

Le pitch :
Dans un futur proche, une multinationale japonaise, Genom, lance dans le Tokyo de la nuit son dernier modèle d’androïde, Reiko, programmé pour récolter un maximum d’informations sur tous les plaisirs sexuels. Stockés numériquement, ces renseignements serviront à Genom pour mettre en place un système de vente d’orgasmes afin de satisfaire une demande de plus en plus forte…

Premières impressions :
Tâchant de ratisser large en terme de cinéma asiatique, j'avais cette fois-ci jeté mon dévolu sur "I.K.U." que l'on peut traduire littéralement par "je viens" (et je compte sur votre sagacité pour en comprendre le sens moins littéral). I.K.U. se présente, en tout cas sur le papier, comme un film indépendant underground, à la fois inspiré par Blade Runner et proposant une expérience sensorielle unique.


Hélas, sur l'écran cela ressemble plus à un énième érotico-porno jouant sur le concept d'androïdes sexuelles, saupoudré de lumières psychédéliques qu'à une critique quelconque de notre société. L'histoire est inexistante, même si parfois trois lignes de dialogues tentent vaguement de justifier d'un scénario. Clairement, la réalisatrice Shu Lea Cheang a totalement manqué son coup. Il ne suffit pas de mettre un costume et deux trois accessoires à une actrice porno pour la rendre subitement inoubliable et bouger la caméra dans tous les sens ne donne pas une portée psychédélique à un film. Ainsi, sans appel, I.K.U. est un mauvais film qui ne fait que se cacher sous une étiquette underground. Pour les curieux, c'est également un mauvais porno, la réalisatrice n'étant pas foutue d'installer une atmosphère érotique pendant plus de deux minutes avant de tout foutre en l'air en tombant systématiquement dans le bizarre.

Alors pourquoi avoir testé et commenté un porno me direz-vous ?


Déjà parce qu'il est malgré tout assumé par sa réalisatrice qui en a même fait une suite, UKI, sortie en 2023 (oui j'update ma critique des années plus tard). Bien que cellle-ci se targue d'offrir un film singulier, elle assume avoir voulu créer le fantasme dans un porno SF. Que l'on aime ou non le film, on ne peut pas dire que la réalisatrice cherche à plaire, bien loin des cris d'orfraie poussés par Gaspar Noé lorsque "Love" fut interdit au moins de 18 ans (de façon mérité à mon sens). Ensuite parce que d'autres films taxés de pornographie en Asie (ce qui est vite arrivé dès que l'on montre quelques poils), comme le fabuleux "Love Actually... Sucks" sont de véritables pépites cinématographiques. Enfin, parce que je souhaitais voir l'héritage des films érotiques japonais des années 70, voir comment l'Empire des sens et consorts pouvaient encore influer sur la pornographie "d'auteur" ou si le gonzo avait définitivement pris le pas sur la création. Bon, tant pour le porno que pour le chef d'œuvre on repassera. Néanmoins, quelques moments comme une scène de shibari entre deux femmes, ou encore l'incorporation de pratiques entre hommes donnent au film une certaine filiation, même si on est loin de l'érotisme des années 70.


Vous l'aurez compris, je vous invite à ne pas perdre de temps sur I.K.U. à moins de vouloir l'utiliser comme mètre étalon du mauvais film underground. Néanmoins, pour avoir rencontré sa réalisatrice récemment (en 2023), je vous invite tout de même à vous intéresser à elle, à l'artiste, son parcours, qui n'a de cesse de questionner la question du genre et de l'identité, mais aussi de son engagement pour faire reconnaître le cinéma fait par des femmes.

GwenaelGermain
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le 10 oct. 2023

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