Cette maison cossue pourrait être celle de Bali (Beautiful Beings) ou de Charlie (The Whale) car elle abrite non seulement les fuites et la solitude de ceux qui y vivent. Telle Fiona Gallagher dans Shameless, Purdey (Purdey Lombet) s’occupe de sa famille (certes, moins nombreuse que celle de Fiona) en raison d’une mère absente. Celle-ci n’apparait d’ailleurs qu’une fois à l’écran, lors d’un diner lunaire où le tabac et le silence en disait long sur les rapports de cette famille désunie. Enfin, désunie moins un. En effet, Purdey tient à protéger son petit frère Makenzy et le laisser hors de tout ça. La réalisatrice belge Paloma Sermon-Daï, entre fiction et documentaire, pose sa caméra sur la fille de son demi frère (Purdey) et sur le demi frère de cell-ci (Makenzi), dans cette Wallonie populaire et dont la désindustrialisation récente crée des zones fortes de chômage. Quand l’espoir est vain, quand tout semble ombragé, pourquoi y croire ? Pourquoi faire des études, tenter de s’échapper ? Purdey l’affirme : « Mes études, je les ferais après. ». Après avoir travaillé à la hâte dans un complexe hôtelier, en femme de chambre, pour subvenir aux besoin d’une famille où deux adultes ont failli. Poignant, immersif et fresque d’une ruralité populaire trop souvent boudé par la cinéma francophone, Il pleut dans la maison est une formidable métaphore, dont le titre révèle l’ancrage de son propos, jusqu’à la propre famille de la réalisatrice Paloma Sermon-Daï. Une formidable métaphore, qui mérite bien davantage que 51 notes sur Sens Critique… « Et quand le soir dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants avec votre bonne conscience, au regard de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d'inconscient que n'en aura jamais le désespéré. » affirmait l’Abbé Pierre en 1984. Dans ces belles maisons, la bonne conscience et le sang sur les mains