Ma critique pourrait tenir en 4 mots « Courrez voir ce film » !
Nous sommes en 1946 à Rome qui se relève péniblement de la guerre. La pauvreté, la misère même sont partout. Délia vit sous la coupe d’un mari qui est l’archétype du macho. Il l’humilie et la frappe chaque jour. Sa vie n’est que corvées dans un appartement misérable en sous-sol. Ses enfants sont vifs, turbulents, insupportables et elle n'a que de rares occasions de s’échapper. Delia a rangé ses rêves au fond d’un tiroir. Son souhait le plus cher : que sa fille soit mieux mariée et sorte de la misère. On découvre vite qu’une histoire d’amour avortée, des rêves oubliés et la peur de voir sa fille tomber sous la coupe d'un fiancé qui ne vaut pas mieux que son mari à elle. Je ne dévoilerai pas la fin. Le film raconte une émancipation. Le film de Paola Cortellesi réunit les codes du cinéma réaliste italien (le film est en 4/3 et en noir et blanc), réussit un mariage cinéma populaire et film à thèse. La caméra virevolte, saisit les regards, la musique d’aujourd’hui se glisse dans l’action avec justesse. Enfin parlons des acteurs : tous parfaits, que ce soit les premiers rôles, les seconds et même les troisièmes qui sonnent juste. J’ai pensé aux magnifiques films de Vittorio de Sica qui avaient pour cadre cette Italie-là, les références sont nombreuses, mais on les oublie vite. L’utilisation du dialecte romain et de ses expressions imagées rendent les dialogues encore plus savoureux. Ce film est un magnifique film féministe, bref « courez voir ce film » !