Une nouvelle journée commence pour Delia, mère de famille dans un ménage très modeste de Rome. Dès les premières images du film, le ton est donné avec la claque matinale du mari, la grande aération sur l'extérieur, amenant poussière et pisse de chien : un mélange d'humour, de violence et de légèreté. Une journée qui ressemble à toutes les autres, avec son lot d'agressivités conjuguales, de labeur et d'ingratitude.
Filmé en noir et blanc dans un dialecte romain bien dans son jus, Il reste encore demain est étonnant et percutant de modernité. Charge mentale, remarques genrées, violences physiques et verbales faites aux femmes: Delia porte la condition de femme à bout de bras, par habitude, par culture, mais aussi par amour pour sa fille aînée Marcella, pour laquelle elle souhaite le meilleur. Mais même le mariage rêvé avec un beau parti, qui donne lieu à une scène de repas de famille mémorable, s'avère un leurre pour Marcella.
Le film est construit d'une manière précise et intelligente. La rencontre en forme de dialogue de sourd avec le soldat Américain prend la forme d'un comique de répétition efficace. La rencontre fugace avec son amour passé est justement dépassée. Le film excelle en ce qu'il déroule des schémas classiques avant de mieux les sublimer, pour une cause plus noble, dont nous sommes loin de nous douter, nous même pris dans cette culture patriarcale.
Faisant partie de ce mécanisme de sublimation, le film esthétise les scènes de violence, transformées en danse.
Enfin, on se délecte de la bande originale, avec des chansons italiennes pleines de peps et contemporaines.
Ainsi, l'histoire du quotidien de cette pauvre femme Romaine prend valeur universelle, non seulement féministe mais résolument politique.