Je n'avais pas une grande attente en allant voir "Ils sont partout" et du coup j'ai été plaisamment surpris par le film de Yvan Attal, qui, en dépit de la difficulté du genre (le film à sketch, c'est très risqué comme truc), arrive à nous faire sourire la majeure partie du temps, tout en insufflant une réflexion plus directe entre chaque acte. Bon, il y a des inégalités dans l'humour mais le propos, se moquer et dénoncer l'antisémitisme est naturellement louable et raisonnable en une période où La Bêtise La Plus Crasse se donne des airs de sérieux sur les réseaux sociaux, jusqu'à déborder désastreusement dans la vie quotidienne ou la politique.
Le film démarre très bien avec un sketch sur la Marine-celle-qui-danse-avec-les-nazis-Lepen, et un Poelvorde qui imite à merveille la présidente du FN. Le portrait d'un petit facho de base qui se découvre juif lui-même est naturellement assez rigolo. Suivra un bon sketch sur le préjugé concernant la richesse des juifs, décrivant un pauvre loser (Danny Boon) vivant en banlieue, à la grande déception de sa femme (géniale Gainsbourg) qui lui en veut ferme de ne pas être à la hauteur du cliché ;-) Les sketches ont un titre explicite, ce qui aide la compréhension des bas du front qui se sont glissés dans la salle:-)
Comme il n'y a que peu de gloire à se moquer de ces tarés que sont les antisémites, Attal prend aussi de la distance et égratigne aussi le communautarisme en général (ici les roux et les blonds créent des associations de défense, comme les aveugles et les culs-de-jattes) tout en s'amusant de l'idée imbécile qui pose que les juifs seraient "arrogants" dans leur désir de mémoire. J'ai aimé aussi un petit moment sympa où les juifs orthodoxes, obsédés du livre, se posent toutes sortes de questions sur l'éternelle usine à gaz du Talmud :-) Quant au "fond du problème", la mort du Christ, ma foi, on nous la joue ici science fiction avec une rencontre improbable entre un assassin du Mossad et le Messie (juif) des chrétiens. Ce sketch est marrant mais assez mal travaillé, ceci dit)
En général on sourit facilement donc, mais après un bon démarrage , les sketches perdent un peu en punch et en humour, j'ai trouvé. Je crois que je m'attendais à plus de comédie, à une satire plus constante et plus vacharde, alors qu'en fait Attal va instiller un questionnement plus sérieux dans des entractes chez le psy où il dévoile (en forçant le trait) de vrais questions qu'il se pose et en quelque sorte les clefs de son film. Je lui en veux un peu d'avoir brisé l'élan comédique de son film en voulant trop expliciter son propos, et de l'avoir rendu trop sage.
A chacun de décider si oui ou non, la paranoïa du "personnage Yvan" (un obsédé de l’antisémitisme) est justifiée ou non dans la vraie vie, Je crois personnellement que la sombre c.nnerie antisémite est toujours à prendre au sérieux, c'est à dire qu'il convient à tout moment de s'en moquer plus férocement encore que n'a su le faire Yvan Attal. Je vous le conseille , car c'est léger, et si ce n'est pas hilarant, c'est très sympa et ca fait du bien de rire de ce qui est triste...