1+1 ça fait deux non ?
Sérieusement je doute après avoir vu ce film.
Je doute, comme je doutais il y a peu encore du talent de Denis Villeneuve, quand je n’avais vu de lui que Prisonners, film pas mauvais, mais loin d’être la nouvelle référence que l’on voulait me vendre. J’ai ensuite vu Sicario à Cannes, au festival, mais c’est une autre histoire, et Enemy, et ce réalisateur est remonté dans mon estime. Puis j’ai vu Incendies, et là la seule chose dont je doute, c’est d’avoir douté de ce réal.
Pas facile par contre de douter de la qualité de la fin de ce film, une chute théâtrale parfaitement orchestrée, tout d’abord inattendue, surprenante, effrayante, puis finalement apparaissant comme évidente, une chute terrible, mais logique, car finalement inévitable. Une révélation qui a tout d’une chute d’une œuvre théâtrale, nous rappelant que ce film est avant tout adapté d’une pièce de théâtre, et que le réalisateur a eu la bonne idée de séquencer son film en différents actes, reprenant ainsi une construction théâtrale parfaite pour un tel film et un tel final.
Le doute ? Oui, ce film en joue, car dans ce film pas la moindre trace de manichéisme sur le conflit rongeant le Liban, conflit qui est ici abordé d’une des meilleures manières qui soit. J’ai rarement senti une telle complexité dans un conflit. Car trop souvent à la TV, ou dans certains films de guerre de propagande comme Pearl Harbor par exemple, on veut nous résumer des conflits complexes de manière bien trop simpliste, en nous montrant des gentils et des méchants. Pourtant la guerre ce n’est pas si simple ; ça ne l’a jamais été.
Du reste, ce film est une enquête menant à des scènes des scènes terribles, voire horribles, parfois même qui vous marqueront durablement, et vous feront réfléchir sur la nature humaine, et jusqu’ou elle est prête à aller pour certains idéaux. Mais pas seulement n’en doutez pas. Il y a aussi de très belles scènes mêlées à cette horreur, et c’est une des forces de ce film, mêler deux choses aussi contraires comme 1+1 font deux (enfin de ça je n’en suis plus très sûr après ce film).
Et si vous ne comprenez pas mes doutes sur cette simple addition, c’est que vous n’avez pas vu ce film. Alors je me demande ce que vous faites encore sur ma maladroite éloge d’un film méritant tellement plus que mon simple torchon que j’appellerai critique. Foncez voir ce film, c’est un chef d’œuvre.