Avec les Coen, ce qui est bien, c'est qu'il n'y a (quasi) rien à jeter et beaucoup d'oeuvres atypiques.


Loin d'un versant plus cérébral de leur cinéma ou de leurs comédies d'idiots, Inside Llewyn Davis est une pépite d'émotion pure. Une lettre d'amour à la loose et à ceux qui la subissent, à contrepied de toutes les success-story qui ne sont finalement que des exceptions.


Oublié l'american dream, notre héros, volontiers antipathique, restera ce visage anonyme dans la foule, talentueux mais ignoré par la chance. Or, le dilemme est ici le même que celui du documentaire Anvil, comment exister quand on nous refuse de vivre pleinement la seule chose qui nous transcende ?


L'identification est, là encore, totale et douloureuse, chaque impair vécu par le héros étant comme une grande baffe en pleine gueule pour le spectateur, et autant de raisons d'hurler à la face de ce monde injuste, quand bien même le film reste placide.


Volontiers cruel jusque dans sa résolution (on est chez les Coen), Inside Llewyn Davis fait cependant preuve de beaucoup d'humour et d'une tendresse infinie pour ses personnages qui provoque des décharges d'émotion s'apparentant a la cuillère de miel après celle de vinaigre.


Soit un discours salutaire sur le renoncement et notre ambivalence face à lui qui résonne au-delà de la simple frontière artistique. Ajoutons à cela la maitrise plastique des Coen, une bande-originale folk magnifique et c'est bon, je vais le dire, Inside Llewyn Davis est un chef d'oeuvre.

Créée

le 8 mai 2024

Critique lue 3 fois

1 j'aime

Adrien Beltoise

Écrit par

Critique lue 3 fois

1

D'autres avis sur Inside Llewyn Davis

Inside Llewyn Davis
Sergent_Pepper
8

That’s all folk.

« Pendez-moi, j’ai défié le monde… » chante Llewyn dans la chanson qui ouvre le film. Tout est là, comme souvent chez les frères Coen, pour irrémédiablement condamner le protagoniste. Parasite,...

le 15 avr. 2014

141 j'aime

6

Inside Llewyn Davis
Socinien
7

Notes à benêt

Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes session 2013, Inside Llewyn Davis est en effet un très bon cru des frères Coen qui se déguste avec délectation : un film ironique, pluvieux et hivernal, ce...

le 26 mai 2013

79 j'aime

18

Inside Llewyn Davis
Grard-Rocher
8

Critique de Inside Llewyn Davis par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous sommes en 1961 en compagnie de Llewyn Davis que nous suivons dans cette histoire. Ce jeune homme est ce que l'on peut appeler un raté, vivant comme il peut dans Greenwich Village au gré de...

70 j'aime

15

Du même critique

Réalité
CinemAd
4

No reason

Il faut que vous sachiez une chose : j'ai un problème avec Quentin Dupieux. D'une, je pense que c'est un gars qui a un melon de la taille d'une montgolfière et je déteste les gens qui prennent de...

le 11 févr. 2015

101 j'aime

20

The Voices
CinemAd
9

He's a maniac, maniiiiiac

Vous êtes nombreux à me dire : "Y'a des films que tu aimes ?!!", "Tu n'aimes rien !" et patati et patata. C'est vrai que j'ai parfois la dent dure, je dois l'admettre. Donc croyez-le bien quand je...

le 7 mars 2015

29 j'aime

1