Oui c'était bien. Non, pas génial. Mais oui, il y a quelque chose.

Voilà comment je pourrais résumer mon impression sur le dernier films des frères Coen. Ils m'avaient laissé sur une note plutôt positive avec True Grit, et ils ont su se faire attendre par bons nombres de fans. Culture de l'attente, ou simple manque d'imagination ? Allez savoir mais je pencherais plutôt pour la deuxième option.

Inside Llewyn Davis, c'est l'histoire d'un chanteur de folk qui souhaite percer dans le milieu de la musique dans les années 60 aux Etats-Unis. Et c'est tout.

Et oui, la grande originalité des frères Coen, ce qui fait leur charme, leur grande marque de fabrique, la qualité d'écriture, est la grande absente du film. On ne fait que suivre un homme ordinaire très malchanceux. Mais rien de transcendant, rien de génial.
Alors il reste le traitement des personnages, qui cache un peu la misère. De la violence verbale de Carey Mulligan à la séquence hallucinante (quoiqu'un peu longue) du voyage en voiture avec John Goodman, les personnages ont tous leur place à un endroit précis de l'histoire. Mais ce qu'il reste surtout, c'est l'écart entre le monde de Llewyn et celui des autres. Tous semblent plongés dans un mutisme constant, ne parlant que très rarement. Le vrai dialoguiste du film est Llewyn Davis. Il est celui qui parle, qui amène du rythme dans l'histoire (lui et les nombreuses chansons, plus ou moins réussies).

Une histoire qui manque malheureusement de rythme. Choix volontaire mais qui ne sied pas forcément à l'histoire contée. En revanche, il y a bien une chose sur laquelle les frères Coen ne m'ont jamais déçu : le traitement du son dans chacun de leur film. Et pour un métrage contant les déboires d'un chanteur, vous pense bien que le son est une des choses les plus importantes. Et bordel, que c'est bon ! Tout est exagéré, tout est amplifié. On n'est pas du tout dans l’exubérance d'un Jacques Tati, qui retravaillait tout en post production, mais chaque son, ici, apporte son impact à ce que l'image nous montre. Le bruit des voitures qui passent, celui des essuies glaces (énorme Poum Poum), ou des portes qui s'ouvrent et se ferment, et même les droites que se prend Llewyn Davis au début du film. Ceci est tout à fait subjectif, mais je suis vraiment un grand fan du traitement sonore chez les Coen.

Autre (et dernière) chose, qui me fait bien plaisir : voir enfin Oscar Isaac dans un rôle principal. habitué des second rôles, il livre une prestation remarquable et il faudra probablement surveiller la suite de la carrière du bonhomme de très près.
John Goodman fait du Goodman, Garrett Hedlund ne sert pas à grand chose, sinon à inciter les gens à fumer (c'est mal ne l'oubliez pas !), Timberlake est dans le même cas que Hedlund, sauf que lui fait de la pub pour son coiffeur, et il reste Carey Mulligan. Cette bonne vieille Carey. Je n'ai pas grand chose à lui reprocher mais je ne suis pas objectif :)

Inside Llewyn Davis n'aura rien inventer, ni dans la mise en scène, ni dans l'écriture, ni dans le montage, ni dans rien. Il aura quand même révélé un acteur, la photographie est vraiment sympa, notamment avec ce couleurs désaturées, mais ça reste incomplet. Je trouve qu'il manque un petit quelque chose au film, une brindille qui le ferait basculer dans une autre catégorie. Dommage. Oui voilà le mot adéquat. Dommage.

PS : C'est Ed Harris le mec qui cartonne Llewyn Davis au début du film ? J'ai un doute...
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