Certains réalisateurs ont un capital sympathie plus grand que d'autres. Prenez Spielberg par exemple. Ce réalisateur a été une sorte de deuxième père pour 99% des enfants des années 80 et 90. Mais prenez Haneke au contraire, ce donneur de leçon sadique et velu, est moins un père pour nous, qu'un gardien de donjon sado maso.

Et bien James Wan, réalisateur du premier Saw puis d'Insidious premier du nom et enfin de Conjuring, appartient à la catégorie des réalisateurs très sympathiques. Sympathique, puisque malgré son appartenance à un genre méprisé (le film d'horreur), Wan s'est toujours efforcé de fournir du bon travail. Et puisque la sympathie vient aussi des petits défauts que l'on pardonne, Wan est un réalisateur un peu foutraque, un peu fauché, mais toujours créatif.

Je n'ai jamais été un fanatique des films d'horreur. Ils m'ont toujours fait beaucoup d'effet (Psychose a été un véritable traumatisme d'enfance) et les films d'horreur de ma génération ne m'ont jamais vraiment intéressé (à l'exception de Blair Witch, un autre traumatisme). Il faut dire que la production horrifique des années 90 était souvent postmoderne, référencée, et finalement peu effrayante (l'exemple le plus criant étant Scream).
Mais tout cela a changé avec une sombre soirée de 2010. Convaincu par un ami, je me lance dans une salle de cinéma Parisienne pour visionner un film dont je ne savais rien, ni n'avais vu de bande annonce. Ce film? Insidious. Deux minutes après le début du film une chose était claire : j'allais être terrifié pour le reste du film. Le film a été une révélation pour moi, car jamais je n'avais eu aussi peur dans une salle de cinéma. Je ne dois pas être le seul, puisque sous-évalué à sa sortie, le film acquiert lentement mais surement un statut de film culte.

La vie est injuste et le talent mal réparti. Certains réalisateurs ont besoin de plusieurs décennies pour préparer un film et d'autres comme James Wan sortent deux films à 3 mois d'écart. Ainsi en 2013, quelques mois après l'éffroi de Conjuring (film plus sombre, plus maitrisé mais moins fou), Wan revient avec la suite du film qui m'a fait faire tant de cauchemars : Insidious 2 !

Soyons clair: ceux qui n'ont pas aimé le premier volet pour son côté bordelique et pour son humour qui entrecoupait les scènes d'horreur n'aimeront pas ce film. Je les renvoie à Conjuring. Pour ceux qui avaient été terrifiés par le côté imprévisible d'Insidious 1, accrochez vos ceintures, aiguisez vos ongles au son de "tip toe through the window" et lancez vous dans cette suite magistrale.
Reprenant l'histoire à l'endroit exact où le premier film s'était arrêté, Insidious 2 raconte les conséquences provoquées par le voyage dans l'au delà de Josh et ce qui en est revenu avec lui.

Mais au fond, qu'attend-on d'une suite? Qu'elle réponde aux questions posées par le premier film? Qu'elle explore plus en profondeur les pistes lancées? Qu'elle nous surprenne?

Et bien, Insidious 2 réussit tout cela et bien plus encore. Dès l'ouverture du film, le flash back inaugural nous apporte un nouvel éclairage sur les événements antérieurs au premier film. Puis générique du film, titre, violons stridents et terreur.

James Wan a annoncé vouloir arrêter le cinéma d'horreur, et l'on a donc l'impression qu'il a voulu faire tenir dans un seul film l'intégralité de ses idées pour de potentiels projets: on a donc droit à un hopital psychiatrique abandonné, la maison d'un tueur en série et sa salle de torture, une possession, une séance de divination, etc…
Mais tout cela fonctionne très bien, et est agencé de manière cohérente. L'écriture du scénario est exemplaire, ultra créative et bourrée de rebondissements. Le talent d'écriture culmine dans une scène magistrale, où l'on revit l'invasion du premier film mais du point de vue des fantômes. Dès lors, Wan ne fait pas que répondre aux questions d'Insidious 1, il donne aussi les moyens de revoir le premier film sous un angle différent! C'est purement brillant, et cela rappelle certaines scènes d'anthologie du second retour vers le futur. Enfin, généralement lorsque l'on cherche à revenir aux origines d'un monstre on ne fait que l'humaniser et on diminue son potentiel horrifique (n'est-ce pas Hannibal Lecter origins?) mais ici, le passé de la mariée en noir, ne la rend que plus terrifiante.

Cette suite est donc rusée, habile, somptueusement écrite, et pleine de rebondissements. La réalisation se permet même d'être plus élégante que dans Insidious 1 (sans doute un apport de Conjuring). L'humour fonctionne encore mieux, le duo de ghostbusters étant très efficace. Et l'interpretation est solide: Rose Byrne parvient à crier pendant les trois quarts du film sans devenir exaspérante (coucou Shelley Duvall). Le scénario à tiroirs, conserve ce côté foutraque que j'affectionne tant chez Wan, et cette suite est donc exemplaire.

Bien que la fin du film laisse imaginer un 3eme volet, il ne sera sans doute pas réalisé par Wan. Dommage car il est évident que l'Australien a un réel talent pour terrifier le spectateur, conduisant la plupart d'entre nous à nous mettre en position foetale dans notre fauteuil, dans l'obscurité de la salle de cinéma, priant pour ne pas entendre en rentrant chez nous …. Tiptoe through the window, By the window, that is where I'll be, Come tiptoe through the tulips with me …
ThomasAchab
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le 5 nov. 2013

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ThomasAchab

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