Il y a quelque temps j'ai eu ma petite période HK, que je n'avais jamais eu auparavant, donc autant dire que j'avais le choix et un enthousiasme certain devant pas mal de petites perles qui m'étaient alors inconnues. Après avoir limé quelques actionners de Woo, Hark et autre Johnnie To, c'était au tour des wu xia pian et films de kung fu. Un peu réfractaire au début à commencer par certains métrages de référence des années 70/80, et ce, je dois l'avouer, en raison principalement de la qualité photographique de ces derniers, c'est naturellement que je me tournai vers la trilogie Wong Fei Hung. Bluffé certes par la qualité des chorégraphies et le style nerveux, voire épileptique de la caméra de Tsui Hark, il en resta néanmoins une sorte d'attente non comblée. Puis enfin je tombai sur celui qui allait me foutre ma claque, le très généreux Iron Monkey.


Connaissant la réputation de chorégraphe de Yuen Woo-Ping, c'est plein de curiosité que je m'attaquai à lui en tant que réalisateur.
Passé un synopsis assez simple mais efficace, c'est davantage dans sa forme qu'Iron Monkey m'aura marqué. On sent dès les premières minutes une décomplexion formelles au service du spectacle chorégraphique qui à l'aide de câbles, scènes accélérées et montage astucieux nous promets un ballet roboratif. C'est dans l'utilisation de ces techniques, s'affranchissant de réalisme qu'on sent la puissance des coups souvent à base du schéma : frappe - coupe de montage - corps qui vole dans le décor. Mais attention, ça ne part jamais dans la débauche façon Bollywood, c'est toujours extrêmement lisible, fait avec goût et concevable/admissible. C'est bourré de petits détails jubilatoires qui nous situent toujours entre le surréalisme absolu et immodéré, et le plausible, avec un équilibre qui ne s'invalide jamais. L'utilisation des éléments du décor est elle aussi toujours judicieuse. Evidemment, même avec les meilleurs intentions, tout ceci n'aurait été possible sans le talent de ses acteurs au génie technique indiscutable.
Sur le ton, là encore c'est à mon goût un sans faute. Bien que l'accent général soit résolument loufoque, le film ne se prive pas de quelques modulations pleines de poésie, chose qu'on retrouve dans Tigre et Dragon ou Hero. On trouve aussi quelques scènes au ton plus solennel, des fois presque violentes, et là où le risque eut été de briser le rythme ou de n'être simplement pas crédible au regard du burlesque assumé du reste, on est au contraire satisfait d'être devant plus qu'une pure comédie. Parce que c'est bien fait.
Tout ceci sublimé par un combat final d'anthologie, un gros défouloir visuel et créatif dont la démesure pourrait représenter toutes les caricatures du film de kung fu qui ont pu être représentées dans par exemple Kill Bill.
J'ai pu lire plusieurs fois que visuellement, notamment la photographie, ce n'était pas à la hauteur de certains autres films du même genre de cette époque. Alors j'en ai encore un paquet à voir mais mon avis est tout juste opposé. Je le trouve vraiment beau, très coloré et bien moins palos' que d'autres. C'est toujours bien cadré et lisible plan par plan, tantôt au service du récit, et surtout au service des chorégraphie. Sans maîtrise c'était le foutoir assuré.


Alors en attendant peut-être de voir quelque chose d'aussi bonne qualité, voire encore meilleur, Iron Monkey restera tout simplement le meilleur film de kung fu que j'ai pu voir. Il mérite amplement les louanges des passionnés du genre et son statut de classique du kung fu des nineties. J'ose le dire, un chef-d'oeuvre.


Gerwin

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le 5 déc. 2016

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