It Felt Like Love par pierreAfeu
Les premières images sont comme une promesse. Muette et gracieuse, presque en apesanteur, la séquence d'ouverture laisse espérer le meilleur. Au plus près des corps et des peaux, sensuelle et intuitive, la mise en scène nous invite à suivre en douceur l'été singulier que Lila est en train de vivre.
Si la qualité de réalisation ne faiblit pas durant tout le film, il n'en est pas de même d'une narration qui peine à trouver son rythme, et même son point de vue. Car l'histoire qu'on nous raconte est banale : c'est le schéma habituel de l'héroïne tiraillée entre le monde rêvé qu'elle effleure du doigt, et une réalité qu'elle fuit, y trouvant cependant l'oreille attentive d'un confident plus jeune. Lila veut frayer avec les mauvais garçons mais personne n'est dupe, pas même eux. Quelques mensonges et quelques audaces ne l'empêcheront pas de rester prisonnière d'un spleen adolescent à la fois unique et commun.
Le ton est plutôt juste, l'interprétation nuancée, le parcours de Lila compréhensible, mais on ne parvient jamais à voir autre chose qu'un film lambda sur l'adolescence. Malgré les qualités formelles de son travail, Eliza Hittman n'est ni Harmony Korine, ni Gus Van Sant. Sa mise en scène finit même par se répéter. À trop vouloir coller aux corps, elle plonge le spectateur dans une sorte d'apnée visuelle inconfortable. Sans plans larges pour respirer, on finit par étouffer.
Si l'ennui ne parvient jamais à nous envahir totalement, il nous relance régulièrement. On attend donc patiemment la fin, en regrettant les promesses non tenues.