Moins d'un an après ses fracassants débuts hollywoodiens (Furie, 1936), Fritz Lang livre avec J'ai le droit de vivre le deuxième volet de son informelle trilogie sur les thèmes de l'erreur judiciaire et ses conséquences. On y retrouve la charmante Sylvia Sidney, accompagnée cette fois-ci du tout jeune Henry Fonda. Vingt ans avant Le Faux Coupable d'Alfred Hitchcock, celui-ci interprète déjà un personnage accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Les apparences jouent en effet contre Eddie Taylor, puisque ce petit truand a déjà effectué trois séjours derrière les barreaux, et savait qu'il risquait la peine capitale en cas de récidive.


Suite à une violente attaque à main armée perpétrée par son ancien compagnon de cellule, c'est pourtant son chapeau qui est retrouvé sur les lieux du crime. Convaincu par son épouse de se rendre aux autorités, ce qui représente sa seule chance de prouver son innocence puisque la fuite le condamnerait à coup sûr, il est néanmoins jugé coupable et condamné à la chaise électrique. Avec l'aide de sa femme, il réussit à s'évader de prison, mais tue en sortant l'homme qui venait lui apporter la nouvelle de sa libération, à laquelle il ne pouvait croire. Le couple, qui attend un enfant, se lance alors dans une cavale sans issue pour échapper à la police...


Un gros cran en-dessous du chef-d'œuvre Fury, You Only Live Once porte néanmoins les traces du génie du réalisateur d'origine autrichienne, dans plusieurs scènes très évocatrices et techniquement irréprochables : les jeux de reflet des visages de Fonda et Sidney sur dans l'eau lorsqu'ils parlent des grenouilles, les ombres des barreaux de la cellule de prison, le brouillard dans la cour du pénitencier, etc. Sombre, pessimiste et souvent violent, il est captivant... la plupart du temps. Quelques défauts, cependant, ternissent un peu l'ensemble : un scénario un peu trop manichéen (le gentil couple qui ne demande qu'à vivre et s'aimer librement vs la pression sociale qui écrase les individus), un bébé un peu trop facilement abandonné, et un Fonda pas totalement crédible en truand, lui qui excellera par la suite dans des rôles de chevalier blanc.

Créée

le 6 mars 2018

Critique lue 408 fois

7 j'aime

4 commentaires

The Maz

Écrit par

Critique lue 408 fois

7
4

D'autres avis sur J'ai le droit de vivre

J'ai le droit de vivre
Star-Lord09
8

L'Oeuvre (Fonda)trice

Étroitement lié à l’affaire du Gang Barrow, le second métrage américain de Fritz Lang, J’ai le droit de vivre, se réclame d’un drame social mâtiné de polar dans la plus pure tradition de L’Âge d’or...

le 22 oct. 2020

28 j'aime

17

J'ai le droit de vivre
Taurusel
9

On ne vit qu'une seule fois

Fritz Lang derrière la caméra, Henry Fonda qui l'affronte dans un film noir, l'affiche est sans conteste alléchante. Alors pourquoi si peu de reconnaissance sur le site ? Je vous enjoins de changer...

le 6 août 2012

25 j'aime

12

J'ai le droit de vivre
mazthemaz
7

YOLO

Moins d'un an après ses fracassants débuts hollywoodiens (Furie, 1936), Fritz Lang livre avec J'ai le droit de vivre le deuxième volet de son informelle trilogie sur les thèmes de l'erreur judiciaire...

le 6 mars 2018

7 j'aime

4

Du même critique

La Tour sombre
mazthemaz
5

Une petite bafou-bafouilleu...

Étonnant... Je viens de voir ce film qui s'intitule La Tour sombre, mais qui n'a rien à voir avec l'excellentissime série de romans de Stephen King... Et pourtant, j'ai bien cru voir le nom de...

le 18 oct. 2017

27 j'aime

6

La Main au collet
mazthemaz
7

Copycat

La Main au collet est la preuve indiscutable qu'autrefois, la Côte d'Azur n'était pas bétonnée... Qui l'eut cru ? Tourné durant l'été 1954, le vingtième film américain d'Alfred Hitchcock, qui s'ouvre...

le 3 mai 2017

26 j'aime

12

Une femme disparaît
mazthemaz
8

Le Maître du suspense... comique !

Un film qu'on pourrait qualifier de jeunesse, bien qu'Alfred Hitchcock eut alors près de 40 ans, tournât son seizième long-métrage parlant et s'apprêtât à quitter son île natale pour les États-Unis...

le 4 avr. 2017

25 j'aime

10