J'enrage de son absence par Hugo Harnois
« J'enrage de son absence » est un titre fort, pouvant faire penser à un roman. Mais ce film est bien une fiction créée de toute pièce par la réalisatrice en herbe Sandrine Bonnaire, qui après avoir fait un documentaire sur l'autisme (Elle s'appelle Sarah), nous raconte l'histoire de Mado, une mère de famille qui voit revenir son ex-mari Jacques, et avec qui elle a connu un événement tragique huit ans auparavant.
J'enrage de son absence accroche dés les premières minutes par son potentiel dramatique. La mine des personnages est grave, et le cadre serré sur ces derniers permet de les analyser en profondeur. Alexandra Lamy (qui se révèle petit à petit) joue la femme désabusée qui porte un masque en se cachant derrière sa vie de famille bien rangée, alors qu'une partie d'elle s'est éteinte depuis maintenant des années. William Hurt ne vit plus non plus, mais contrairement à son ancienne épouse, il ne se cache pas et s'enferme peu à peu (aussi bien physiquement que psychologiquement) dans un cercle vicieux.
Mais cette ambiance âpre et travaillée s'essouffle au fil du récit car de nombreuses longueurs apparaissent dans une narration subissant quelques creux. Alors que Bonnaire nous donne des éléments déclencheurs pour faire avancer ce drame, le film stagne et nous laisse une fâcheuse impression de frustration.
Le côté « film à la française » (conversations existentialistes autour d'un café , fin contestable, figure de l'homme parfait) peut également agacer et faire décrocher un spectateur souvent dans l'attente.
Ne dénigrons pas trop J'enrage de son absence car si celui-ci demeure inégal, il n'en reste pas moins honnête en proposant une vision du deuil pudique et douloureuse, avec des interprètes en bonne forme, et devant une réalisatrice qui souhaite être juste, tout simplement.