Ayant comme beaucoup d'entre nous grandi-e-s avec ce réalisateur, je m'étonnais d'être passé à côté de Jackie Brown. C'est sûr que sur le papier, malgré la présence de Samuel L. Jackson et de Robert De Niro au casting, c’est moins vendeur qu’une marche du vertueux ou la vendetta en France occupée de par Brad Pitt. Mais vous savez quoi ? Je l’ai même préféré à Kill Bill.


En fait, le « cartoon » d’un Kill Bill ne m’accroche pas. Mais comme n’importe quel amateur de la violence plastique, j’ai besoin de mon quota réglementaire d’héroïne. C’est donc naturellement vers Jackie Brown que je me tourne.


Sorti en 1992, on y retrouve le bla-bla de Reservoir Dogs (1992) et une narration plus sage et linéaire que celle de Pulp Fiction (1994). Cela a pour avantage de rendre le film plus accessible. Il constitue donc une excellente introduction au réalisateur pour qui veut s’y frotter (ou y frotter ses proches après le réglementaire putsch sur la programmation d’une soirée cinéma).


Soyons clair-e-s : la performance de Pam Grier est bluffante. Le rôle est bien écrit, et chaque retournement de situation est surprenant. Jackie Brown (le personnage) est une femme forte, indépendante, lucide mais également faillible et anxieuse qui triomphe de peu. Grâce à elle, le film est non seulement bon à voir mais également à revoir comme on reverrait le moins subtil Ocean’s Eleven (2001) pour remonter le fil des événements et savoir « qui pense et fait quoi à quel moment ? ».


Et puis, on y retrouve la fameuse « ADN de Taranino » que tout le monde s’arrache. Une bande originale qui constitue une playlist à part entière, Samuel L. Jackson dans des véhicules américains anguleux des années ’70 et uns ou deux pieds qui traînent par-ci par-là. D’ailleurs le dénouement qui joue sur plusieurs temporalités fait office « d’introduction avancée » à la narration tarantinesque. Après une bonne heure et demie de film, elle peut sembler être un parti-pris original pour les habitué-e-s des narrations linéaires tout en restant une conclusion appréciable pour les plus cinéphiles.


Partie de poker grandeur-nature entre une icône de la blaxploitation, un receleur, un amoureux, une junkie et le FBI, Jackie Brown fait plus que de tenir ses promesses. C’est un bon film et un bon moment – particulièrement pour celles et ceux en recherche de représentations satisfaisant les exigences de notre époque.


Plus important encore : Across 110th street, on retrouve le film qui met en déroute l’argument réac’ mille fois entendu pour justifier des mauvais films aux reflets mascus - « il faut le remettre dans son contexte ».


Car dans son contexte, Jackie Brown est purement excellent.

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le 5 août 2023

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