Jacquou le croquant est un film de Laurent Boutonnat, le producteur à l’origine des plus grands succès de Mylène Farmer. Tirée du roman éponyme d’Eugène Le Roy et inspirée des révoltes du début de XIXe siècle, l’histoire raconte la vengeance d’un jeune homme contre un comte cruel qui lui a volé son enfance et sa famille.

J’adore ce film. L’intensité émotionnelle y est dingue. L’histoire est saisissante. Le cadre spatial et le cadre temporel sont de véritables atouts. Le contexte se démarque largement dans le patrimoine cinématographique. Mais particulièrement, ce que j’aime au-dessus de tout le reste, c’est la B.O. Les musiques sont envoûtantes, saisissantes, un vrai délice pour les oreilles.

L’esthétique de l’œuvre est magnifique, la reconstitution de l’époque est précise et pleine de détails. Les couleurs sont jolies, tout comme la photographie.

Laurent Boutonnat est un réalisateur de haut vol. Je ne comprends pas comment il n’a pas réussi à percer. Ses deux films, celui-ci et Giorgino se distinguent de manière admirable par rapport à ce qui se fait d’ordinaire dans le cinéma français. Franchement, je trouve que la sentence de l’accueil public de ses deux films est très injuste, surtout pour celui-ci, d’autant plus si l’on compare ce spectacle avec ce qui fonctionne comme production française à la même époque. C’est absurde.

Pour autant, il faut reconnaître que le film souffre de quelques défauts majeurs, à commencer par son rythme égrené, avec une très grande exagération pour ce qui est des ralentis, trop fréquents et très peu subtils. Certaines séquences sont beaucoup trop longues, et s’attardent sur des détails sans réelles importances, si ce n’est qu’ils sont très esthétiques, mais cela plombe notre implication dans la narration. Il y a trop de rôles secondaires et superflus. Enfin, les performances des acteurs ne sont pas toujours irréprochables. Gaspard Ulliel, paix à son âme, n’est pas toujours dans le ton. La performance d’Albert Dupontel ne m’a pas du tout convaincu. Pas plus que celle de Marie-Josée Croze (la mère) qui joue si mal qu’elle nous met mal à l’aise. Tout comme l’acteur qui joue le bigleux (adulte), dont chaque aparté est un flop. Les enfants ont l’avantage de l’authenticité et de l’innocence, mais certaines de leurs répliques sont complètement lunaires. On a trop souvent l’impression qu’ils récitent la leçon en raison d’un texte qui conviendrait davantage à des adultes. Les dialogues des enfants sont un aspect très surfait de la production. Heureusement, Jocelyn Quivrin (qui joue le comte), paix à son âme (lui aussi), remonte le niveau avec une performance soignée. Judith Davis (Lina), est très authentique, et Bojana Panic (La Galiote), cette actrice serbe peu connue, gagnerais à une plus grande audience.

Le film déplore donc de nombreux défauts dans plusieurs secteurs, mais dans l’ensemble il se distingue par ses éléments remarquables, les qualités esthétiques et sa dimension de film français à l’américaine, qui nous font rapidement oublier chaque faiblesse de la production.


Casse-Bonbon

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Jacquou le Croquant

Jacquou le Croquant
GuillaumeRoulea
3

Coquille vide

Ne mérite pas une longue critique. Il existe les navets ou séries Z, mais au moins vous pouvez vous marrer... Là, rien de rigolo ! Laurent Boutonnat sait filmer et a une vision artistique de son film...

le 21 oct. 2013

9 j'aime

1

Jacquou le Croquant
Tsi_poulet
4

"T'es fatigué ou t'as peur? T'as peur".

Non, je suis fatiguée personnellement. J'avais très envie de mettre la moyenne à ce film, et ça aurait été possible si la fin n'était pas si lente, si mièvre, si agaçante. La première partie passe...

le 28 janv. 2014

6 j'aime

Du même critique

Pompoko
Casse-Bonbon
5

Venez découvrir les Tanukis

« Pompoko » est une œuvre à part des studios Ghibli. Je n’aime pas vraiment, mais je reconnais ses qualités. Pour commencer l’animation est très jolie. L’humour, présent tout le long du film,...

le 3 oct. 2018

7 j'aime

Je peux entendre l'océan
Casse-Bonbon
2

On s'en fout de ta vie...

« Je peux entendre l’océan », ou "Tu peut entendre la mer" selon la traduction, est un téléfilm nippon, produit par les studios Ghibli. C’est pour moi une grande déception, car j’ai été habitué à...

le 3 oct. 2018

7 j'aime

3

Le Grand magasin
Casse-Bonbon
4

La Grande Galerie des animaux

Ce film d'animation japonais réalisé par Yoshimi Itazu nous transporte dans un univers singulier, celui d'un grand magasin où les clients sont tous des animaux. L'adaptation du manga de Tsuchika...

le 16 nov. 2023

6 j'aime

2