Kingston town, the place I long to be
Si on regarde ce numéro à la lumière du reste de la série, on ne peut être que décontenancé. On est très loin, ici, de ce que deviendra James Bond par la suite. Bien sûr, on trouve déjà deux ou trois éléments (la musique, les potiches...), mais l'ensemble est surprenant (décevant, diront certains). Le véritable début de la série, ce sera le numéro 3...
Mais si on savoure ce film pour ce qu'il est vraiment, c'est à dire un film d'espionnage, alors on le comprend mieux. C'est vrai que le rythme est lent et qu'il n'y a quasiment pas de scènes d'actions, mais le scénario est très bien construit, les scènes s'enchaînent de façon implacable et nécessaire. Car c'est une véritable enquête que mène Bond en Jamaïque, pour savoir qui a tué un agent britannique, et pourquoi.
Le cinéaste parvient, avec talent, à créer une tension qui s'étend sur presque tout le film (même si elle tombe un peu sur la fin).
Le mystère entretenu longtemps autour du méchant contribue aussi à la qualité de l'ensemble : qui est-il ? Que veut-il ? Où se cache-t-il ? Et pourquoi tout le monde en a-t-il si peur ? Le fait de retarder le plus possible l'apparition de ce Docteur No est une réussite.
Alors, bien sûr, il y a quelques défauts. La fin est un peu bâclée. Ursula Andress fait déjà partie de la longue liste des potiches qui serviront de faire-valoir à l'espion britannique. Les tentatives d'humour ne fonctionnent que très rarement. Mais, dans l'ensemble, ce film, très différent des autres de la série, se regarde avec un grand intérêt.